Bande de marin d'eau douce ! Il est l'heure du vote.
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Texte 1
Texte 2 :
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Texte 1
Nous, Fugitifs a écrit:Blottis les uns contre les autres, nous espérions que cette nuit ne s'éternise pas plus longtemps. Depuis combien de temps fuyons-nous? Quand cela se terminera-t-il? Nous étions tous animés de ces questions. Pourquoi?.. Quand?.. Comment?..
Mais celle qui renaissait le plus souvent était bien plus effrayante. Nous en sortirons nous? Survivrons-nous?
Silencieux, il arrivait que des yeux brillants de peur se croisent. Mais personne ne parlait, nous n'étions pas prêt... Pas prêt à accepter une quelconque annonce.
Le soleil se leva. Nous sortions en silence de cette tanière humide et crasseuse. La route était longue et nous n'avions pas de temps à perdre.
Seuls contre le temps et le monde, les yeux baissés, nous marchions en file. Sages et piteux. Les règles étaient respectées et chacun subsistait grâce au groupe. Mais pourquoi? Oui, pourquoi étions-nous si affligés? Accablés de ce cruel destin, nous n'avions pas pensé aux conséquences de nos actes mais nous avions déjà touché notre paye. Et c'était déjà trop tard. Plus rien ne pouvait nous arracher aux poisseuses liaisons que nous avions provoquées.
Les jours se succédaient et les nuits s’enchaînaient sans bouleverser notre mode de vie. Rien ne s'échappait et rien ne germait dans nos esprits abattus. Brisés, nous déposions un pied après l'autre dans l'espoir qu'un jour tout s'inverse. Que la nuit soit claire comme le jour et que le jour soit paisible comme la nuit. Que les malandrins soient pardonnés et les audacieux considérés à leurs juste valeur.
Mais cet espoir était illusoire et nous le savions. La flamme déclinait de jour en jour, d'heure en heure, de minute en minute. C'en était fini... Fini de nous, fini de tout. Il n'y avait plus que ça... Plus qu'elle pour nous faire avancer. Fourbe et vitale, elle ne cessait de nous pousser au plus profond des limbes. Comment s'extirper de ces profondeurs obscures?..
Les questions demeuraient vacantes dans nos esprits embrumés, engloutis par le désespoir. Mais pourtant, nous laissions cette situation se prolonger. Sans chercher à arranger les choses, nous suivions les règles passivement. Trop écrasés pour se relever, trop épuisés pour se reposer.
Une nouvelle nuit tomba, un nouvel abris se présenta à nous, comme si le monde faisait tout pour nous bloquer dans ce cercle sans fin.
Mais alors que nous agissions comme chaque jour, l'un d'entre nous poussa une exclamation. Quand avions nous entendu une voix pour la dernière fois? Nous avons tourné la tête. Debout, le bras tendu vers le ciel, il ne détachait pas ses yeux. Nous voulions savoir et nous avons posé le regard vers la lune. Un croissant ornait la toison scintillante, l'eau léchait le rivage, les pétales de cerisier volaient et les fleurs et l'herbe chatoyaient sous nos pieds. Pétrifiés par ce panorama fantastique, nous restions immobiles, de peur de briser cet instant. Un instant de liberté, tout s'effaça. Nous respirions, pour la première fois depuis longtemps nous avions l'occasions de respirer de l'air frais.
La brume s'en alla de nos esprits et nous profitions de cet instant paradisiaque. Brisant le silence de nos rires et de nos chants, nous avons réappris à vivre. Comme le jour de notre naissance, nous avons passés ce moment pleins de joie et de naïveté. Le sommeil nous gagna et les voix s'estompèrent.
Le lendemain matin, des bruits bien connus nous tirèrent d'un sommeil paisible. Tout cela n'était qu'une simple pause dans notre périple sans fin. Ce n'était qu'une respiration entre deux apnées. Mais, même sans savoir, quand serait la prochaine escale, nous repartions avec une nouvelle flamme en nous. Ce n'était plus la peur mais bien l'espoir qui nous animait a nouveau.
Les interrogations refirent surface et la tristesse aussi.
Tout recommença et nous savions que cela ne finirait pas. Mais nous savions que d'autres haltes se présenteraient à nous.
Le silence règne et la route sinueuse ploie sous nos pieds. Voici le récit de notre perte.
Texte 2 :
Entendez-nous.
Le soleil brûlant tape sur nos têtes, le vent sec s’attaque à notre peau, nos corps faibles bravent la canicule cruel tandis qu’hurlent continuellement dans cette rue nos gueules affamées. Affamées de justice.
Entendez-nous.
Bien longtemps que nous avions décidé d’ignorer ceux qui se prélassaient la tête dans les nuages, à l’abri de nos besoins humains. Ceux qui, grâce à notre confiance aveugle, ont appris à ne jamais se salir les mains, à ne vivre que de nos efforts. Ceux qui ont perdu l’habitude de courber le dos au travail, l’habitude de donner récolter uniquement ce que l’on sème, de survivre de ce que l’on gagne.
Mais comment les en blâmer ? Nous les avons encouragés. Nous leur avons donné notre confiance et carte blanche, oubliant qu’étant humains ils succomberaient aux même vices que n’importe lequel d’entre nous.
Entendez-nous.
Mais aujourd'hui, cela doit finir. Car aujourd’hui, ils se sont accrochés. Tel des algues sur les hélices d’un bateau, ils nous empêchent d’avancer, et pire, nous encombrent, nous tirent vers le fond. Ils se complaisent à savourer leur repas de rois quand nous festoyons de misère, à nous adresser leurs discours plein de fausse empathie et d’ordres déguisés, de condescendance et de vils mensonges, de sympathie hypocrite et d’idéologies qu’ils seront les premiers à oublier. Ils sourient, les salauds, ils nous mentent, et ils en sont fier, car tel est le seul talent qu’ils aient gardé. Ils ont tendance à ne voir sur leur plateau d’échec qu’un roi et qu’un pion, oubliant que ce dernier est représenté par plusieurs millions. Et si la paresse et le désintérêt avait fait oublié la réalité à ces chers empereurs auto-proclamés, voilà venu le temps de leur rappeler. Comme disait Alan Moore, le silence est une chose fragile.
Il s’efface au premier cri.
Entendez le chaos.
Car face à vos balcons richement décorés, se dresse la Furie. Pour la première fois depuis bien des années, le peuple à commencer à crier. Vous ne vous souveniez plus de sa voix, n’est-ce pas ? De notre voix. Vous vous étiez habituez à vos discours organisés, où vous seuls parliez, à vos monologues insensés que seuls les sourds savaient apprécier. Aujourd’hui que nos oreilles saignent et que nos yeux s’étirent, que vos mots n’ont pas suffi à nous abrutir, voici venu le temps de vous déloger de votre loge doré. Vous n’êtes pas au-dessus de nous pour toujours. Nous ne vous appartenons pas. C’est d’ailleurs bien le contraire. Vous pouvez continuer à nous fuir, à déserter notre vue, à prétendre ne pas exister en dehors des plateaux télé, mais sachez qu’est arrivé le stade où la rancœur devient volonté, et où vous ne pourrez plus vous échapper. Même à l'abri de votre armée et de vos portails renforcés, vous nous sentez, nous et votre fin.
Car si aujourd’hui est le temps des cris, après viendra le temps des armes, et pour vous le temps des larmes, car demain tout sera fini. Pour vous, bien sûr, pour nous, ce ne sera que le début. La poussière qui heurte nos corps n’affaiblit pas nos âmes et porte nos cris, nos mains se lèvent dans le ciel dans un poing d’indignation. Nous sommes tous différents, et nous venons pourtant tous ensemble vous faire payer. Terminé le dîner, voici l’addition, car nos chaînes sont brisées, comme notre soumission.
Vous nous entendrez.
Impossible de l’ignorer, nous sommes juste devant.
Vous nous entendez.
Je le sens d’ici. Est-ce de la peur, du mépris ? Peu importe, nos voix portent, contre vos portes. Et vous le savez.
Nous sommes.
Et vous aviez presque réussi à l’oublier.
Nous sommes.
Ici et unis, unis par notre choix.
Nous sommes.
Souverains avant tout, nous reprendrons la liberté.
Nous sommes.
Peu importe vos lois, car ici, c’est bien nous les rois.
Et vous… vous étiez.
Peut-être un peu trop profiteurs, mais vous étiez. A notre grand regret. Il est déjà trop tard pour vous racheter. Car le grondement roule, et nous nous tenons ici, au milieu de ce monde qui tombe doucement en pièces, hurlant au vent d’été notre réalité. La foule hurle, et vous la craignez. Nous reprendrons ce que vous nous avez volé. Notre liberté.