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TEXTE 1
- Spoiler:
- Vous savez, j’ai beau ne plus être un gosse depuis une ou deux éternités, mon livre préféré, ça reste Robin des Bois : ce héros au grand cœur, qui volait ceux qui avaient en abondance, pour donner à ceux qui n’avaient pas… Oui, j’ai un peu gardé une âme d’enfant. Mais, vous remarquerez, dans mon métier, ça vaut mieux ! Vous me connaissez, je suis celui l’idole des enfants, celui qui leur offre des cadeaux, celui qui a domestiqué des rennes avec des noms débiles, celui qui a vendu son image et sa crédibilité à une célèbre marque de soda en échange d’un ENORME chèque, celui qui soutient le réchauffement climatique, parce qu’on se les pèle aux pôles – jeu de mots, z’avez vu ?-, bref : le père Noël.
Disons le dès le début : tout ce que vous savez sur moi, c’est du flan. Déjà, j’m’appelle pas Noël. Mon non, c’est Harald – je suis né dans un petit village du nord de la Norvège en l’an -500 et des brouettes, vous vous attendiez à quoi ? Et autant vous le dire aussi : je ne suis père de personne. Pas d’enfants, rien, même pas de femme, contrairement aux légendes urbaines.
Pourtant, j’ai toujours rêvé d’avoir des enfants. Pourquoi ? Je sais pas. C’est comme avoir un chien : c’est la mode. Ça sert pas à grand-chose, mais on se trouve toujours des raisons d’en vouloir. Toujours est-il que je n’ai jamais réussi à en avoir un, et je me suis donc intéressé aux enfants des autres. J’adorais être gentil avec eux, voir les étoiles dans leurs yeux, ….
NON ! Je vous arrête, il n’y a jamais eu d’histoires de pédophilie. De toute façon, vous pouvez rien prouver.
Bref, j’avais pris l’habitude de m’occuper des enfants du village, et chez les scandinaves de l’époque, c’était pas vraiment un boulot de mec. On me surnommait « Harald la Matronne » dans le village, ajoutez à ça une tête d’alcoolique bien joufflue : toutes les donzelles se foutaient de moi, et j’arrivais pas à me caser. Et quand tu t’es pas casé à 25 ans, sachant que l’espérance de vie tournait vers 45 ans à l’époque, t’avais raté ta vie. Les gens te montrent du doigt, se foutent de ta gueule, y’a même le prêtre qui m’a menacé de me rendre eunuque si je trouvais pas de quoi prouvé que j’étais bien hétérosexuel – car à l’époque, je me répète, c’était la norme.
Donc je me suis barré de mon village, pour aller dans un autre, avant de me faire chasser à nouveau, pour recommencer la boucle, et ça pendant plus d’une dizaine d’années. Mais alors, dans un village quelconque, je suis tombé sur un enfant abandonné, pauvre, qui avait à peine de quoi manger pour survivre. Il y avait dans son regard tant de tristesse que je me suis dit : « Harald, avant de crever, fais une bonne action, et aide ce gamin ! ». Et j’ai donc essayé de voler de la nourriture dans la maison du chef du village, qui était riche. Et oui, je voulais faire mon Robin de Bois… L’enfant m’a donc prêté son amulette porte-bonheur, et m’a souhaité bonne chance.
J’ai lamentablement échoué. Le problème de la hutte du chef du village, c’est que sa porte était gardée. Je suis donc rentré par derrière, en escaladant… Et je suis tombé sur un autre enfant. Le fils du chef. Celui-ci m’a dit qu’il sonnerait l’alerte, et que je serais mis à mort… sauf si je lui apportais un cadeau. Je lui ai donc filé le porte-bonheur de l’autre pauvre…
Et là, la révélation : si je pouvais pas voler les riches pour donner aux pauvres… J’allais voler aux pauvres pour donner aux riches ! C’est vrai, quoi, les pauvres sont bien plus facile à voler, même si ça rapporte moins. Et les riches sont bien plus reconnaissant !
Le fils du chef fut satisfait, et usa de son influence sur son père pour me permettre de rester au village. Et durant des années, je continuais de venir tous les ans pour lui donner un cadeau, à lui, puis après à tous ces amis de haut rang. Puis, quand celui-ci a pris la place de son père, il m’a permis de rester à sa cour, pour que je m’occupe de son propre fils. D’où mon surnom de « Père ». Père Harald, c’était la classe ! Et c’est resté ainsi pendant plusieurs années.
Là, vous devez vous dire un truc, si vous avez bien suivi : « T’es parti de chez toi un peu après 25 ans, t’as erré plusieurs années dans la nature, puis t’es arrivé dans ce village dont tu me parles où t’as eu le temps de voir un enfant remplacer son père à la tête du village, puis encore quelques années ce sont écoulées, et t’as dit que l’espérance de vie là-bas ne dépassait pas vraiment 45 ans : mais dis-nous, t’avais quel âge ? » Eh bien, j’avais 55 ans à l’époque, et bien que ça arrivait, c’était rare : j’étais devenu le vieux sage du village, bien gentil et tout, celui qui surveillait les enfants et donnait des cadeaux aux gentils (riches, bien sûr) ! Mais ce n’est pas tout, car cela continua pendant encore plusieurs années. Je devins vraiment vieux, vit le chef mourir à nouveau, être remplacé par son fils, qui fut tué en duel par son frère, qui hérita, qui mourut à son tour, laissant la place à son propre fils… Et moi, je ne mourais pas. Et vint le jour où mon 100ème printemps arriva, et passa, sans encombre. A ce stade-là, j’étais devenu une légende : le grand, l’invincible, l’immortel père Harald, le vieux monsieur à la barbe blanche, protecteur des jeunes de la tribu, etc, etc. Ma réputation s’exporta, et tous les chefs de tribus du pays venaient jusque moi pour que je bénisse leurs enfants en leur offrant des cadeaux, et en échange, ils me filaient des trésors de joaillerie, des étoffes pourpres digne d’un empereur – dont je me fis un costume plus que confortable-, des terres. L’un d’eux me donna même un troupeau de 200 rennes et un traineau. Alors, profitant du cadeau, laissant un péon ou deux s’occuper de mes biens, je fis un attelage et voyagea dans toute l’Europe en traineau, offrant des cadeaux aux enfants riches – toujours en m’approvisionnant chez les pauvres-, laissant dans les mémoires la trace d’un individu vêtu de pourpre qui voyageait dans un traineau tiré par des rennes. Certains me prirent même pour un héros légendaire, et mon passage apparut dans la mythologie de plusieurs religions païennes.
Et les années passaient. Beaucoup d’années. Je compris vite que je n’allais pas mourir si vite que ça de vieillesse. Pourquoi ? Mais j’en sais rien ! D’ailleurs, si vous le savez, vous pouvez me l’expliquer, ça m’arrangerait. Toujours est-il que j’ai arrêté de compter mon âge à partir du 150ème printemps à peu près. Et les années passaient, encore et toujours, tandis que je faisais des allers retour entre mon village pour changer mes rennes et les autres régions européennes – j’avais voulu visiter l’Afrique, mais les rennes n’ont pas vraiment aimé. Y’en a trois qui ont claqué à cause de la chaleur-, et on arrivait vers la naissance de quelqu’un qui allait éclipser ma légende…
L’an 300 et quelques. Pour la première fois, pendant que je brossais un de mes renne, prénommé Tonnerre XXXVIII – et oui, faut souvent les remplacer ces bestioles-, j’ai entendu un illuminé qui me parlait de l’arrivé du sauveur, un certains Jésus, né dans une contrée perdue nommée Bethléem. Inutile de vous dire que nous, on jurait toujours par Thor et par Odin, et que le bougre fut décapité vite fait sur la place du village. Mais cela me fit réfléchir : si l’histoire d’un mec né tellement au sud arrivait jusqu’au nord de la Norvège, c’est que ce petit malin allait me faire de l’ombre. Si ce n’était déjà fait. Il paraitrait même que les romains – ouais, eux, on en avait déjà entendu parler malgré tout- avait accepté qu’on l’honore comme un fils de dieu, c’est vous dire ! Il fallait que j’aille renouveler mon image et éclipser ce prétendant à ma gloire !
Mais j’avais un avantage : il était mort, et moi j’étais vivant. Je suis donc allé faire ma propre pub partout en Europe, profitant du désordre spirituel chez les villageois entre leurs religions païennes et cette nouvelle religion imposée pour brouiller les repères : les romains avaient décidé que la naissance du sauveur serait honorée le 25 décembre ? Eh bien, on fêterait plutôt ma venue dans les villages, pour distribuer des cadeaux – même aux pauvres, pour une fois ! Et bien vite- enfin, ça reste relatif : ça ne pris que 17 siècles- , le peuple, un peu matérialiste il faut le dire, préféra raconter ma légende plutôt que celle de ce Jésus. J’avais réussi une opération marketing de génie. La fête, qui s’appelait Naël, pour la natalité, fut doucement transformée en Noël, et je fus nommé le père Noël par le petit peuple.
Néanmoins, ça restait une opération couteuse, et ça me coûta presque tout ce que j’avais accumulé pendant les 8 premiers siècles de ma vie. Donc, maintenant que le peuple était convaincu, je repris mes bonnes vieilles habitudes : voler aux pauvres pour donner aux riches, et je continue de nos jours. C’est d’ailleurs pour ça que y’a que les enfants des familles aisées qui ont des beaux cadeaux. Ca explique des trucs, hein ? Et aussi le fait qu’ils n’ont presque jamais ce qu’ils demandent : faut pas déconner, je me farcis pas toutes les lettres.
Et pendant ce temps-là, profitant de mon image internationalement connue, j’ai fait des contrats publicitaires à la pelle, et ai déménagé sur une île des Bahamas. Mes rennes ? Tous morts. Vous croyez que c’est pratique un renne à notre époque ? Soyez sérieux. J’ai même plus besoin de me bouger le cul maintenant : j’ai fondé la Père Harald-Noël Incorporation, avec plein de péons qui font mon travail à ma place, et en échange, je garde mon image publicitaire, et les marques me paient des millions.
Et maintenant, je peux vous le dire : l’immortalité c’est cool, mais être pété de thunes, c’est encore mieux.
Oh, et au fait : joyeux Noël ! Et si vous n’avez pas de cadeau sous le sapin, c’est juste que vous être trop pauvres. Et maintenant, vous savez qui a volé votre caméscope.
TEXTE 2
- Spoiler:
- Le père Noël... Le gros gars rouge à barbe blanche qui fait rêver tout les petits enfants de 0 à 10 ans (perso j'y ai cru jusqu'à 10 ans)... Au final, à part qu'il est gros, doux, barbu et qu'il apporte des cadeaux au pied du sapin/de la cheminée, on ne sait pas grand-chose de lui... Mais saviez vous que les apparences sont trompeuses ? Moi, je l'ai rencontré, le père Noël. Et le VRAI, cette fois, pas celui qu'on voit dans les centre commerciaux ou sur la place du village à Noël (et qui n'est qu'une mauvaise et pâle copie, je l'avoue) et qui fais la liste des cadeaux... Non, la vérité est tout autre.
Quelques jours avant Noël, je me suis infiltrée chez lui (et j'avais 10 ans). Bon ok il habite en Antartique... Quoi, il est au pôle Nord ? Oui mais il a une maison en Antartique aussi... Et je peux vous dire qu'on se les gèle à mort, là bas... Oui bon stop je sais que j'en ai pas parce que je suis pas un mec. Mais bref.
Donc je me suis infiltrée chez lui quelques jours avant Noël, parce que j'avais besoin de vérifier si tout ce qu'on disait sur lui était vrai. ET OUI SA MAISON EST AU PÔLE NORD. Bref. Chez lui, il fait chaud, c'est sobrement décoré, etc. Vive les clichés. Vu qu'il n'était pas chez lui, je suis partie dans son atelier. Et là... Vous saviez que c'est un esclavagiste de lutins ? Oui, j'peux vous dire, y'avait de grooooosse bête poilues affreusement affreuses (si si) munies d'un fouet et qui fouettaient les dissidents/paresseux/cequevousvoulez.... Et ceux qui désobéissaient vraiment ils étaient emmenés... Je sais pas où, et je veux pas savoir. Je continue d'avancer, un peu traumatisée, et je voit une salle où y'as des piles et des piles d'ossements... J'accélère le pas. Puis j'arrive dans le bureau du boss. Et je vois enfin le père Noël. Il est gros, rouge (... en peignoire rouge et blanc plutôt) et barbu, mais il est en train de dévorer une cuisse de poulet à pleines dents. Et... il a un flingue sur sa table... Je frissone. Je l'aime plus, le père Noël... Je vis ce dernier se lever, dire un truc que je ne rapporterai pas parce que je veux pas choquer les plus jeunes, puis prendre son arme et tirer un coup dans un direction. Puis il commence à se diriger vers la porte d'entrée... Oh oh... Je me plaque au mur. Le père Noël ouvre la porte sans me voir et se dirige quelque part. Je le suis discrètement. Il arrive dans son traineau, toujours en peignore (il a oublié de se changer je crois) où je vois les cerfs... qui sont pas en hyper bonne santé. Je saute dans le traineau discrètement, sans me faire remarquer. Le père Noël monte dans le traineau, et ce dernier semble vouloir céder sous son poids. Sachez que ce n'est absolument pas rassurant. Puis j'entend claquer un fouet. Le traineau s'ébranle et se met en route. D'abord lentement, puis il se mit à aller de plus en plus vite. Je me permit de jetter un coup d'œil à l'extérieur et... je peux vous confirmer que le traineau vole. Mal, vu que il est très vieux et qu'il faut le rénnover, mais il vole. Je crois que ça va être le seul point positif de cette rencontre.
Quelques temps après ce vol très inconfortable en traineau, ce dernier s'arrête. Je sens le père Noël descendre du traineau (bah oui il est gros tellement il doit s'empiffrer à longueur de journée. je me demande si il connait les régimes). Je me glisse discrètement hors du traineau et le suit. Nous sommes devant une banque. Je vois le père Noël entrer. J'entends ensuite un "BOUGEZ PAS, C'EST UN HOLD UP" (j'avais compris "Hot Dog" au départ...), des cris de paniques et des coups de feus. Quelques minutes plus tard, je vois le père Noël sortir de la banque avec deux gros sacs jetés sur les épaules. J'en profite pour me glisser à nouveau dans le traineau, traumatisée à vie. Le gros bonhomme devait avoir tué des gens... Je préfère ne pas y penser. Le traineau se met à nouveau en marche vers une destination inconnue.
Arrivés à cette destination, je décide de suivre le père Noël. Il entre dans une maison. Je le suis, à mes risques et périls. Il entre dans un appartement. Il pointe son arme vers un homme qui avait ouvert la porte. Le temps que l'homme réalise la situation, le père Noël a déjà tiré dans sa jambe. D'autres personnes arrivent (une femme et trois enfants). Deux des gros monstres qui accompagnaient le père... Caca (oui non pas Noël) se précipitent sur deux des enfants (des garçons) et les embarquèrent. Un homme se chargea de la fille. Puis le père Noël s'approcha de la dame, la poussa par terre... Oups. Je prend un bâton de randonnée qui traînait par là et le dirige droit dans les bijoux de famille de l'ordure. Il retient un cris de douleur. Il se retourne vers moi, plein de rage, pointe son flingue sur moi, presse la détente....
Je sursaute. Je me redresse précipitemment, allume la lumière et regarde autour de moi. Mon bureau, mon lit, mon bazar... Tout est en place. Je me regarde. j'ai bel et bien 14 ans. Je m'affale à nouveau sur mon lit en soupirant.
Ce n'était qu'un rêve...
TEXTE 3
- Spoiler:
Les légendes, les traditions, les contes, les festivités tant religieuses que populaires, tous et toutes ne sont là que pour rassurer et aveugler. Les contes font croire aux enfants que le monde dans lequel ils grandissent est manichéen : d'un côté les gentils, de l'autre les méchants. Les légendes, les traditions, les festivités font en revanche croire à l'adulte qu'il dépense son argent pour une bonne raison en lien avec son karma, son avenir, sa protection physique ou spirituelle, pour le plaisir de ses proches. La finalité est plutôt : l'illusion d'un bonheur commun à un maximum d'êtres humains pour un temps défini. L'illusion la plus répandue dans le monde est celle de Noël où chacun pense que durant un réveillon (et plus ou moins un jour) le temps s'arrête sur leur sourire pré fabriqué pour cette occasion. Que le temps s'arrête tout comme le monde, que personne n'est seul ni malheureux, que tout le monde se rassasie à une table abondante, que Noël est le remède alors que c'est une véritable épidémie. Ce monde est un laboratoire, et chacun des êtres qui formule un vœu est mon cobaye.
Noël est un virus et JE le contrôle mais VOUS le financez. Qui je suis ? Le seul Banquier au Monde que vous aimez : le Père-Noël.Rome, Vatican – 28 novembre, 11h30
Le cardinal mêla l'encens au souffre ambiant et bénit la pieuse assemblée. Après un long moment de silence, il s'avança vers le lutrin et entama une prière les bras levés au ciel tel un danseur étoile.« J'aimerais que l'on se quitte ce matin sur une note d'espoir et de méditation car je sais qu'il y a ici des proches, des amis, la famille peut-être des victimes du tremblement de terre de Naples. Lorsque vous les pleurerez, n'oubliez pas que c'est notre Seigneur qui les a rappelé à Lui. J'illustrerai ce propos par Okhmhaka Cicéron dans l'histoire de l'arche d'utopia, chapitre 3 verset 1 : « Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Quisque nec nisl sit amet urna sodales lacinia ultricies a mauris. Fusce et blandit libero. Nunc vel libero sagittis, elementum arcu vel, scelerisque orci. Curabitur diam nulla, luctus et diam eget, scelerisque sagittis libero. Nam dictum odio leo, vitae ultricies nulla ornare eu. Nam sit amet nisl auctor, fermentum mauris et, ultricies urna. Aenean vehicula velit ante, eu dictum massa dignissim sed. Morbi id ante suscipit, scelerisque justo a, laoreet urna. Nulla facilisi. Sed sit amet luctus nisi. » Allez dans la paix du Christ ».
Chacun prit congé et la foule se dirigea vers la place St Pierre. La sonnerie du téléphone résonna dans la sacristie et le cardinal Richévieu décrocha lentement le combiné.« Pronto ?
- 20h entre viale Angelico et via Muggia. »
C'était tout ce qu'il avait besoin de connaître et il ne demandait jamais plus. Le cardinal faisait ce travail ou plutôt cette mission depuis bientôt trois ans et malgré cette habitude, il était stressé et anxieux à l'idée de se réunir avec tous les « padre ».France, Paris -28 novembre , 11h50Le portable de Vito Corleone n'avait plus de batterie et il devait encore consulter un bon nombre de mails. Il ne pouvait prétendre que cela ne l'excitait pas, il était toujours comme un enfant à cette période de l'année mais il était parfois las d'être le seul à porter cette responsabilité. Vito se dirigea vers l'espace business de l'aéroport en compagnie de son assistant. Il détestait cette salle business qui aurait dû privilégier l'intimité et la confidentialité du travail des voyageurs et qui ne ressemblait finalement qu'à une vulgaire salle universitaire agrémentée d'ordinateurs à la chaîne et de sa fidèle moquette rouge.
Se tournant vers son assistant, il s'enquit :« Tout le monde sera présent ce soir ? Aucune absence signalée ?
- Aucune Monsieur, tout est prêt.
- Bien. T'es-tu également occupé de l'eau bénite ?
- Oui, l'objet est sécurisé.
- Parfait, parfait, conclut-il dans un soupir .»
Cette assemblée serait la dernière pour certains. Il ne pourrait plus se cacher derrière ce simulacre de religion une fois le ménage fait. Cependant cela le faisait toujours autant sourire lui qui n'était en rien croyant mais qui se servait de la religion pour faire son business. Après tout, il était plutôt au même pied d'égalité que la religion qui se sert des pauvres, de la maladie, des catastrophes, du désespoir pour endoctriner. Cette religion qui ne l'avait pas créé mais qui avait servi à répandre sa réputation et ses services à travers le monde. Il ne devait pourtant rien à personne. D'une manière ou d'une autre, il avait toujours existé car on avait toujours besoin de croire qu'il existait.« Monsieur, il est l'heure pour notre prochain vol. Si nous le ratons, nous ne serons jamais à Rome pour la réunion. »
Vito se leva de sa chaise bancale et ferma précipitamment le navigateur. En cliquant trop vite sur une page, il avait ouvert une fenêtre publicitaire d'un célèbre site de commerce en tout genre qui proposait des promos en vue des futurs cadeaux de Noël. Il fixa une minute le Père-Noël qui illustrait la publicité, avec sa barbe blanche et sa tête d'alcoolique que personne ne relevait jamais et fut bien heureux de ne pas avoir à se ridiculiser ainsi pour faire son travail. Il ferma la publicité souriant de ce Père-Noël finalement plus commercial que lui.Rome, quartier du Prati- 28 novembre 2015, 19h30Vito demanda au chauffeur de ne pas prendre le chemin le plus court pour aller au lieu du rendez-vous. Il aimait tellement Rome et ses richesses. Rome lui ressemblait : son ambivalence, son agitation, ses âges entremêlés, sa misère parfois qui entoure tous ces palais, ces musées, ces églises. A Rome, il était le vrai Padre. La voiture le déposa via Angelico et il parcouru le reste du chemin à pied afin de ne pas entrer dans l'immeuble par la porte principale. Il monta doucement les escaliers de ce vieil immeuble bourgeois choisi par ses lutins du crime. Un penthouse avec une vue imprenable sur les alentours, offrant une surveillance parfaite pour cette soirée.Il vérifia le chargeur de son arme et aperçu enfin le dernier étage avec des hôtesses à l'entrée. Elles le saluèrent avec le respect et la crainte que sa véritable identité engendrait. Le personnel s'agitait pour les derniers préparatifs et certains invités de marque étaient déjà présents. Il entendait des assistants chuchoter à leurs patrons « El Padre is here sir ! » Il s'avança armé de son sourire malicieux et de son regard pénétrant, et salua convenablement chacun des convives.« Monsieur Noël ! s'exclama-t-il avec son accent ouest-africain, heureux de vous retrouver pour la petite « garden party » annuel.
- Ahah Général Tabuze, vous m'en voyez également ravi. Comment vont les affaires ? Cela n'a pas dû être facile avec les nouvelles forces armées .
- C'est vrai mais le Mali et les pays adjacents vont mal alors les affaires vont bien. Comment dites-vous déjà… ce proverbe… ah oui ! Le malheur des uns fait le bonheur des autres !
- C'est bien vrai mon vieil ami, et ce soir nous avons beaucoup de malheurs à conter ! »
L'assistant de « Padre » Noël l'informa discrètement que tous les invités étaient bien présents, même le cardinal Richévieu. Le Père-Noël l'autorisa alors à faire l'annonce.« Mesdames, Messieurs, maintenant que nous nous sommes assez sustentés, je vous propose de passer aux choses sérieuses sur la terrasse. Seuls les assistants seront autorisés à y entrer et serviront de relais aux hôtesses. Merci également de déposer vos téléphones dans les plastiques à votre nom afin que les brouilleurs de la terrasse ne les endommagent pas.
Si vous voulez bien me suivre…, termina-t-il en joignant le geste à la parole. »
Les invités s'exécutèrent et prirent place sur la terrasse. Même si elle était protégée par une veranda, la végétation était assez luxuriante pour rendre le lieu dépaysant au coeur de la ville et les braseros rendaient le lieu chaleureux en cette saison.« Monsieur Père-Noël… pardon je sais que vous n'aimez pas ce nom mystifié… Monsieur Corleone, puis-je vous demander qui est l'homme à votre gauche et que nous ne connaissons pas ?
- Vous pouvez, dit-il en laissant intentionnellement un silence derrière cette phrase. Je ne vous répondrai toutefois qu'à la fin de cette réunion… si vous le permettez ?
Monsieur Lego avait parfaitement saisi le ton autoritaire et sans recours.
- Bien sûr Monsieur.
- Bien, passons aux choses sérieuses. Commençons par les marchés puis terminons avec les commandes VIP. Monsieur Lego, je vous prie, présentez vos chiffres.
Monsieur Lego, intimidé par son intervention précédente, s'éclaircit la voix et se leva maladroitement.
- Cette année, le nombre de transactions en Amérique du Nord est en constante. Il est vrai que la crise se ressent un peu mais les biens immobiliers qui atteignent un certain seuil de valeur sur le marché sont toujours autant recherchés. Par conséquent, pour trois biens immobiliers moyens qui ne se vendent ou louent pas, nous en avons seulement un qui ne se vend/loue pas dans la classe supérieure. Les chiffres n'étant pas encore satisfaisant en avril, nous avons opéré dans les quartiers les plus recherchés sur l'ensemble des Etats, une nouvelle politique immobilière. Nous avons pu appliquer cela dans le reste des pays du monde. Cette politique consiste à faire signer un contrat pour l'achat du bien dans un ou deux ans après le contrat de bail. Cela donne accès à un loyer préférentiel durant ces un ou deux ans. Ensuite ils doivent procéder à la transaction de la vente qui est à un tarif loin du préférentiel.
- C'est donc une arnaque ?
- Bien sûr ! Ils pensent économiser mais ce n'est pas le cas. Cela présente quand même l'avantage de créer une stabilité du marcher, stabilité des trafics immobiliers urbains, c'est rassurant pour les populations et si les locataires ont un souci d'argent, cela alimente le secteur de mes confrères ici présents.
- Bien pensé Monsieur Lego, dit-il avec une petite moue.
- Enfin, concernant votre part et la redistribution du capital, nous avons estimé à 7 % de notre chiffre d'affaire le montant que l'on peut investir dans la société écran des jouets Lego. Ce qui fait environ 20 milliards de Legos vendus dans l'année et 37 milliards de dollars et d'argent blanchi.
- Voici enfin une bonne nouvelle ! J'espère que vos confrères auront su faire fructifier l'argent comme vous ! Madame Barbie à votre tour et soyez plus brève s'il-vous-plaît, je n'aime guère les détails et ne m'intéresse qu'aux résultats oh oh oh, ria-t-il à la manière du faux Père-Noël. »
Madame Barbie prit une grande inspiration puis lissa son tailleur en repoussant sa chaise.« Bien entendu Monsieur Corleone, je serai brève. Hm, je ne cache pas que mon marché n'a pas connu ses meilleurs chiffres, c'est pourtant totalement indépendant de nos pratiques puisque 11 % des filles partent désormais en Syrie plutôt qu'en Asie. Nous avons dû « recruter » de plus en plus dans nos propres pays d'Europe pour faire face à la demande. Le marché de la prostitution a été également perturbé par le départ de Zahia qui a été une honnête et gracieuse ambassadrice. Nous pensions avoir trouvé sa remplaçante en Nabila mais son aller-retour en prison nous a un peu rebuté. Nous tenons à l'étique de la maison ! Cependant ! Cependant la situation des migrants a un peu renfloué les caisses de l'entreprise.
- Venez-en au fait Madame Barbie…
- Oui… Alors cela fait donc un trafic d'êtres humains à hauteur de 3 millions dont un million d'enfants, pour un apport net de 32 milliards de dollars. Nous avons pu utiliser une partie de cet argent à blanchir à la fabrication des Barbies et nous avons vendu 80 millions de Barbie dans le monde et Noël va encore augmenter ce chiffre d'environ 20 %.
- Hmm c'est pas mal, il faudrait tout de même faire un effort.
- Nous avons un projet qui nous a été inspiré par les photos hackées de Jennifer Lawrence lorsqu'elle était...qu'elle avait le visage plein de… et nous prévoyons de faire des Barbies à l'effigie de Katniss de la serie Hunger Games.
- C'est ce que j'aime entendre, des nouveautés, des initiatives ! Bien qui allons-nous entendre à présent… Monsieur Chwarzenegger ?
- Oui Père..Patron ! Pour ma part le marché est en pleine expansion ! Armes blanches ou armes à feu, bombes, drones, on a jamais eu autant de commandes que cette année. C'est presque autant que pendant la guerre Chef !
- Mais il y a la guerre sombre crétin, ils veulent juste faire croire aux gens que ce n'est pas le cas pour dédramatiser et pour préserver la fête de Noël.
- Ah oui… par conséquent, notre chiffre a explosé et est à hauteur de 700 milliards de dollars. Je pense qu'on peut se permettre une augmentation de la production, -pour cette année seulement-, des jeux vidéos, surtout les jeux de simulation de guerre, des pistolets en plastique, des maquettes de drones. Notre société écran Armée Française est déjà prête à produire tout cela mais elle hésite pour le dernier jeu vidéo Batapan ; ils ont peur que ce soit mal vu avec les derniers événements. Qu'en pensez-vous P.. Patron ?
- Rhoo mal vu mal vu, tout de suite les grands mots ! Y'a quand même deux lettres de différence, c'est beaucoup !
- Oui mais c'est la même histoire Monsieur.
- Je connais l'histoire Monsieur Chwarzenegger, si on ne peut même plus rire de la langue ! Bon alors attendons l'année prochaine pour le jeu Batapan, grogna-t-il. »
Les « padre » de la mafia Noël firent tour à tour leur présentation : Madame Dinette, Monsieur Canal Peluche, Monsieur Radin, Madame Apple, Monsieur Cadeaurecyclé et bien d'autres. Après 3 heures de présentations et débats sur les projets des uns et des autres, le « Padre » Noël se concentra sur les VIP.« Alors qu'avons-nous comme commandes VIP cette année ? Pas des choses trop chères j'espère, faut qu'on garde nos milliards de bénéfices pour des projets de grande envergure surtout depuis que le projet Ebola a été contenu par les Gouvernements. Si ça continue ils vont créer des catastrophes sans nous !
- Monsieur , notre département a reçu une commande de Karl Lagerfeld, entama Chwarzenegger.
- Ah ? Il veut encore jouer dans Men in Black ? Ca fait 3 fois qu'on lui dit non ! Qu'il applique le régime qu'il exige à ses mannequins sur son ventre et j'en reparlerai aux producteurs…
- Non non Monsieur ! Ce n'est pas du tout ça. Karl veut créer de nouvelles ceintures à la mode avec des technologies type ceintures explosives sauf qu'il y mettrait des confettis ou des paillettes.
- Merveilleux…, fit-il, sceptique. John Galliano avec son défilé SDF avait au moins plus d'originalité. Si c'est pour mettre des confettis, vous imaginez notre réputation ???
- On le refuse alors ?
- Evidemment qu'on le refuse ! Je lui trouverai à la place un rôle de croque-mort dans un film. Quoi d'autre ? »
Le Père-Noël commençait à s'impatienter. Autant il aimait les présentations et entendre les malheurs des gens autant leurs voeux l'agaçaient.« Monsieur ?
- Oui Madame Barbie ?
- J'ai eu une commande de Monsieur Hollande. Il voudrait une femme car il dit qu'il se sent un peu seul à l'Elysée malgré les millions de courriers de français.
- AHAH AH ! Ils croient qu'Hollande est le Père-Noël pour lui écrire autant ???
- Je ne crois pas que ce soit ce genre de lettres Monsieur. Il désire donc une femme, belle, intelligente,minimum 30 ans et maximum 32 ans.
- …
- Il a mis à la fin de sa description « surtout, surtout pas une femme qui écrira dans et sur mon dos ! »
- C'est possible ça, enfin tout en même temps ?
- Hé bien normalement non mais j'ai finalement eu une idée : j'ai récemment pu adopter dans mon réseau une jeune femme très belle, assez perspicace mais par chance elle n'est jamais allée à l'école et ne sait par conséquent ni lire ni écrire.
- Le monde fait bien les choses enfin… nous faisons bien les choses oh oh oh ! Bravo Madame Barbie, je valide cette commande. Nous en avons fini ? »
Chwarzenegger bondit de sa chaise et retenu le Père-Noël.« Monsieur, j'ai oublié, une commande d'un enfant VIP !
- Hmm, un enfant ? Je vous écoute.
- Voilà je l'avais mise par erreur entre les piles de vœux de chômeurs qui osent prétendre être VIP comme si nous n'allions pas vérifier… Bref, le petit garçon Poutine voudrait de nouveaux avions téléguidés mais avec des dimensions réelles.
- Ah non, pas encore ! Non on doit refuser, c'est un investissement très gros pour nous et la dernière fois qu'on lui a fourni un avion téléguidé, il l'a cassé. Je veux bien être généreux mais faut pas abuser !
- Bien Patron, je transmettrai la réponse. »
Le Père-Noël fit un signe à son assistant et des hôtesses vinrent distribuer à chacun des invités, des gâteaux et des cafés. Après un coup d'oeil à son assistant, le Père-Noël comprit que tout avait été bien préparé. Il attendit que toutes les hôtesses soient parties et se dirigea à l'autre bout de la table, plaçant une main protectrice sur l'épaule du cardinal Richévieu.« Mesdames, Messieurs,
j'aimerais porter un toast à notre ami le cardinal Richévieu qui a fait son travail de comptable dans des conditions ecclésiastiques éprouvantes puisque le nouveau pape n'aime pas l'argent. Grâce à sa fonction, nous avons pu mettre à l'abri pendant des années notre argent et il a pu procéder à tous nos placements en toute discrétion sans éveiller les soupçons. Après tout, qui soupçonnerait un homme d'église ? Ahah! »
Il fit une pause et leva sa tasse.« Au cardinal !
- Au cardinal, reprirent-en choeur les convives. »
Chacun porta la tasse à ses lèvres et le Père-Noël observa le cardinal du coin de l'oeil. Ce dernier but son café d'un trait et sourit à l'assemblée. Le Père-Noël reprit alors la parole.« Je tiens à rajouter que vous m'avez dernièrement beaucoup déçu. Même vos motivations m'ont déçu. J'aurais pensé que vous me trahiriez au moins car vous aimiez soudainement les pauvres, pour sauver un enfant cancéreux, pour vous payer des filles, mais non ! Vous avez détourné de l'argent uniquement pour vous. Pour votre retraite peut-être ? Bien qu'à votre âge… »
Le cardinal commençait à transpirer et à ne plus pouvoir respirer. Ses lèvres virèrent au bleu et sa main s'accrocha à la nappe.« Vous serez remplacé par l'homme qui se tenait à ma gauche. Vous auriez dû pourtant comprendre en me rencontrant que si Dieu n'existe pas, le Père-Noël lui existe bien. J'existe ! ,cria-t-il. S'il n'existe pas, il ne peut pas vous tuer mais il ne peut pas vous sauver non plus. Je peux vous apporter beaucoup : argent, vœux, plus que tout ce que n'importe quel être humain qui ignore qui je suis vraiment n'aurait pu espérer ! Vous avez délaissé tout ça pour quoi ? Pour l'avidité, une avidité sans but ! Vous croyez être comme moi ? Mon avidité n'est qu'une illusion. Tout mon argent est chaque jour utilisé pour des politiques, des guerres, des enfants désespérés, des monsieur et madame tout-le-monde ! Sans le Père-Noël, le monde ne tournerait pas.
Sans moi, vous ne pourriez même plus connaître le mot espoir. Car même si j'excelle dans l'art de briser cet espoir, de créer le meilleur pour ensuite pouvoir créer le pire, sans ces oppositions, le mot espoir serait rayé du dictionnaire.Vous apprenez ce soir, à vos dépens, qu'il vaut mieux voler les pauvres que les riches car un riche peut engager deux comptables. Ce soir, vous apprenez qu'il vaut mieux voler un Père-Noël qui n'est pas une ordure. »