Ouvre les yeux. Oui, les laisser sortir de l'obscurité sous un ordre ou un évènement quelconque. Cet évènement, qui raviva la lumière du jour au sein de ses esprits fut les hurlements de l'armée qui lui faisait face. Des acclamations, qui semblaient fondées sur cette personne, cette dirigeante qu'il allait combattre, "Sophia". Derrière lui, il sentait les souffles réguliers de ses soldats, ses hommes ses frères, ses pères, ses fils. Dans un silence guerrier tous contemplaient et attendaient inquiets et curieux la venue de cette femme, qui leur avait tenu tête si longtemps, alors que les hurlements ne cessaient guère au fur et à mesure des remous qui se formaient dans leurs rangs sûrement dûs à la traversée de leur dirigeante.
Une silhouette dépassait tous les rangs, laissant apparaître une tête encapuchonnée et une paire d'épaules qui confirmait aux esprits la rumeur. C'était une femme. Une géante, on aurait pu le croire de loin, mais les proportions ne collaient pas, et au vu de sa démarche il était évidement qu'elle se déplaçait à cheval. Une cavalière masquée, original ou pas, le choix se laissait aux têtes mais ce qui était sur, c'est qu'on n'occupe pas un tel poste sans les capacités adéquates. Un adversaire à ne surtout pas sous-estimer, bien qu'elle ne pointa pas son petit minois sur les champs de bataille de ces deux dernières semaines. Mais notre jeune homme n'aurait jamais commis l'erreur de prévoir sa victoire prématurément, ni de la prévoir tout court. Il le savait, c'était un adversaire redoutable et redouté qui s'avançait vers lui, et malgré les cris des milliers d'hommes devant lui, il ne bougea pas et garda un regard sombre et glacial vers l'arrivée de cette femme. Qu'avait-elle à cacher sous cette capuche ?
La réponse ne tarda pas, mais avant ça, elle demanda à ses soldats de se taire, et Aoshi sentit le regard de cette femme posé sur lui. Quelle autre solution pour un dirigeant tel que lui, que de tenir le regard, malgré l'ombre créée par ce manteau. Là, elle prononça son nom. Pourquoi ? Comment ? En quel honneur ? Peut être pour s'assurer d'être en face de la bonne personne, dans un ton doux et tendre, qui laissa le Mishima perplexe, quand à la mentalité et à l'âge de son adversaire, sûrement pour un des duels les plus importants de cette ère.
Dévoile toi, montre nous ton visage, ici le mystère n'a pas lieu d'être... Comme si ces pensées avaient raisonné à ses oreilles, la femme ôta le manteau qui voilait son corps et le lança derrière elle, vers une femme qui lui avait tenu compagnie.
Là, la surprise d'Aoshi atteint son comble. Lui qui pensait qu'il se trouverait avec en femme froide, frappée par l'âge et ferme... Son imagination qu'il avait volontairement bridée dans l'éventualité de rencontrer un cas comme celui là, en prit un sacré coup... Elle semblait avoir son âge, et n'était pas désagréable au regard... Vêtue d'une robe pour un tel combat, et d'allure élégante, Aoshi eut du mal à réaliser qu'il allait devoir se battre contre un tel adversaire, aux aspects inoffensifs. Or, sa raison et sa haine, dominant son corps plus encore que ses sens lui dictaient de ne sous estimer en rien cette jeune femme, et de ne montrer aucune pitié. Le combat serait des plus extrêmes, et ça il le ressentait à chaque parcelle de son épiderme, même ses yeux semblaient s'humidifier en vision du futur.
Enfin elle se tenait devant lui, c'était la première fois qu'il la voyait, et, de son regard argenté, il semblait revoir les visages de tous ses frères tombés sous les ordres de cette femme, de ses yeux qu'il regardait fixement. Là elle présenta son sabre à Aoshi, le tenant droit en signe de défi, du moins le jeune Mishima l'interpréta de la sorte, et de la bouche de la jeune femme sortit une phrase servant d'identification authentique, indispensable à tout duel dans les normes...
Mon nom est Sophia Kinul, princesse du Royaume d'Alistia, et commandante de cette armée...
Les rumeurs et les écrits disaient vrai, elle s'appelait effectivement Sophia, et c'était bien la princesse. Alistia, ce royaume dont la puissance militaire n'était plus à démontrer, qui avait attaqué, il y a longtemps le simple Royaume de Mijia, terre natale d'Aoshi, dont les campagnes avaient vu grandir cet enfant à l'avenir des plus prestigieux. Apparemment, Mijia n'était pas la seule contrée à connaître son enfant prodige, et en cette après midi, ce sont deux jeunes gens qui allaient s'affronter, dont l'âge ne laissait en rien présumer la place qu'ils occupaient. Par courtoisie et par principe, Aoshi éleva sa voix jeune et sombre laissant à son arme un repos, ne l'agitant d'aucune sorte.
Je suis Aoshi Mishima, dirigeant des armées de Mijia. Mais ça vous le savez.
Lui n'était pas prince, et était loin d'avoir connu la richesse. C'était un simple orphelin, enfant adoptif de paysans, et surdoué au sabre. Il n'était pas extrêmement musclé, n'avait pas été endurci par l'âge et n'avait pas la science infuse. Mais il donnerait tout ce que ses tripes oseraient lâcher, et même plus pour rendre sa liberté à son peuple. Pour rendre leur dignité à ces visages de défunts qui brillaient dans les yeux de la princesse d'Alistia.
Enfin elle se montrait, mais son accoutrement faisait planer le doute sur l'esprit du Mishima, elle tenait un sabre pourtant était habillée comme un jour de fête. L'art du combat à l'épée ne devait pas être la seule corde tendue à son arc, ou alors elle le maitrisait suffisamment bien pour pouvoir se permettre de tels écarts, allez savoir...
Un vent souffla, sonnant de son bruit invisible le glas d'une liberté. L'heure était finalement venue, et Aoshi ne se posait plus de questions, il doutait et était profondément inquiet. Mais il se vidait l'esprit et se concentrait sur ce duel. L'éventualité de son échec, bien qu'il fasse tout pour la brûler revenait sans cesse... "Et si tu échoues ? Et si elle est trop puissante, même pour toi ?" Lui ne voulait pas se laisser abattre avant le coup final par ce genre d'interrogations futiles et inutiles. Il se battrait comme jamais un point c'est tout. Pour donner une marque à toutes ces pensées, il fit passer son sabre, encore rangé dans sa main gauche décrivant un cercle en l'air avant de dire calmement :
Comment en est on arrivé là ... ?
N'attendant aucune réponse, il s'élança brutalement, et usa du maximum de sa prodigieuse vitesse en direction de Sophia. Le fourreau à gauche... Dans sa course, si brève fut elle, il entendit ses soldats retenir leur souffle, il les sentit angoisser, il sentait les responsabilités peser sur ses épaules, ne les rendant que plus fortes. Un second pas sur le sol et le voilà à distance pour donner un coup. Soudain, il changea son fourreau de position et le plaça sur son côté opposé. Alors sa main gauche saisit la poignée de son sabre et le tira de son fourreau déclenchant un infime bruit métallique, mais infiniment plaisant et réconfortant pour les oreilles. Il était gaucher, contre toute attente adverse, il était gaucher. Pour créer le subterfuge, il avait tenté de n'utiliser sa main gauche que dans les situations les plus critiques, sans penser que cette astuce l'aiderait un jour. Et déjà la lame fusait sur le flanc gauche de la jeune femme, juste sous les côtes. Il avait bien évidemment démontré toute la vitesse que son corps pouvait lui fournir et ne sachant vraiment si le sang avait coulé continua sa course et s'arrêta à quelques centimètres des rangs adverses.
Puis, redoutant une attaque d'une rapidité royale de la part de son opposante, il se retourna brutalement, son sabre à la verticale coupant son visage en deux parties égales, prêt à bloquer un coup survenu dans la mesure du possible. Le combat avait commencé et ce fut lui qui donna le premier coup, en réponse aux assauts que mena le Royaume d'Alistia sur sa contrée. Les ressentiments du jeune homme était grands, et la haine lui avait trop longtemps prit le cœur, aujourd'hui il voulait vivre paisiblement, dusse t-il même donner la mort à une reine dans de telles conditions...
Merci, toi aussi =)
[Aoshi est le garçon représenté sur ma signature et mon avatar.]