[RPG Being Frankenstein] - Halloween !
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Helloooo !
Il est temps de voter pour votre créature halloween préférée !
Je remercie les membres pour leur participation, bon visionnage et bon vote à tous !
Créature 1
- Spoiler:
- Tous des incapables. Aucun doute là-dessus. Talamaranraran en était excédée rien que d’y penser. Talamaranraran ? Oui, oui, vous ne vous trompez pas, c’est un prénom et un des plus courts qu’elle aurait pu porter. Le clan des sorcières de la confrérie de la forêt noire qui n’est pas si noire que ça était formel, un long nom, ça portait non seulement chance, mais ça prouvait aussi que vous veniez d’une longue lignée de sorcières émérites. En gros, votre ancêtre ne s’est pas fait dégommer par un dragon pas très content ou une horde de sirène pendant une de ses missions. Quoi qu’il en soit, son ancêtre, la première, s’appelait Ta. Pour sa fille, elle avait ajouté le “la” et ainsi de suite. Elle était donc Talamaranraran, mais tout le monde l'appelait “Tala”. Non, vraiment. La tradition, les noms puissants, c’était bien beau, mais il ne fallait pas déconner. Tala faisait partie d’une des lignées de sorcières les plus jeunes du clan. Certaine de ses consoeurs avaient des noms aussi tarabiscotés que “Manetomorletucatajinola” (qu’on appelle “Mane”) ou encore “Cuniawargrimcul” (personne ne l’appelle “Cuni”, on a plutôt préféré dire “Awar”, elle est un peu susceptible sur son prénom). Quoi qu’il en soit, mieux valait passer par des diminutifs sous peine de ne pas savoir comment s’adresser à sa consoeur.
Ce petit aparté sur les prénoms étant fait, revenons aux incapables et à Tala, notre sorcière. Présentons là un peu cette Tala. Du haut de ses 79 ans, elle fait partie des benjamines du clan. Entre deux âges, elle a plutôt l’air d’avoir une bonne quarantaine. Des rides au coin de la bouche et des yeux, on ne sait pas si elles sont arrivées à force d’avoir trop ri ou crié. Ses cheveux roux vif sont tressés, mais s’ornent d’ici et là d’une série de mèches blanches plus ou moins imposantes. Des yeux verts clairs perçants vous dévisagent toujours avec incrédulité comme si vous veniez de dire la plus grosse énormité qu’elle ait entendue en 70 ans de métier. Évidemment, l’attirail va avec. Certes, être sorcière, c’est une affaire de naissance, de chance aussi. Peu importe vos ancêtres, le don est plus ou moins fort chez les sorcières (ou les sorciers, on ne parle pas assez d’eux, mais ils existent aussi) de façon tout à fait aléatoire. Et donc on parlait d’attirail, dans le métier, on ne le dira jamais assez, l’apparence, ça fait déjà trente pour cent du job. Dans le fond, ce n’est pas par plaisir qu’on se balade avec un collier composé des dents de lait de nos nièces, enfants, neveux, parasites de compagnie (biffer la mention inutile), non, c’est pour le spectacle. Les gens s’attendent à ce qu’on ait l’air effrayant, qu’on fume la pipe, qu’on se balade avec un grimoire rempli de formule inutile. Si on leur expliquait que la magie, ça n’a rien à voir avec ses simagrées de bas étage, mais que c’est avant tout une affaire de mental et de communion avec les éléments, ça rendrait quand même moins bien, non ?
Alors voilà, tandis qu’elle se rendait à la salle du conseil, qui n’était en réalité qu’une des clairières de la forêt sombre pas si sombre que ça, Tala pestait quand elle trébuchait sur sa robe trop longue ou quand celle-ci se prenait dans les branches des arbres mortels, qui, joueur, essayaient la faire trébucher dans le lac acide. Enfin arrivée, elle fit face au conseil. Composé de huit de ses confrères et soeurs, il rassemblait les membres les plus âgés (et donc pas nécessairement les plus sages) de leur clan.
- Soeur Talamaranraran, vous voici enfin. Nous vous attendions.
Non, sérieusement ?, pensa-t-elle. Et moi qui pensais que vous étiez rassemblé près du lac acide pour organiser un pique-nique. Quoi de mieux que de goûter juste à côté du lac, dont les restes des animaux et habitants de la forêt, trop idiots pour ne pas s’en approcher (ce n’était quand même pas faute de leur avoir expliqué mille fois que le lac acide ne s’appelait pas comme ça pour rien), se décomposaient lentement sous leurs yeux. Néanmoins, elle ne dit rien. Le conseil était connu pour rabâcher des évidences et ils étaient affreusement procéduriers. Nul besoin d’y passer l’après-midi parce qu’elle faisait “outrage au conseil” et qu’on allait lui réciter le règlement en long en large et profondeur. Elle se contenta donc d’un signe de tête et alla s’asseoir au milieu du cercle tandis qu’ils lui expliquaient pourquoi ils l’avaient convoquée. Comme si elle ne le savait pas.
L’histoire était d’une bêtise et d’une banalité à faire peur. Chaque sorcier héritait d’un ou deux apprentis selon ses besoins. Leur longévité (ils pouvaient vivre jusqu’à 500 ans au moins) en faisait des membres fort respectés de la communauté de la forêt. Celle-ci, au cours des siècles, était devenue le refuge de nombre de créatures désormais considérées comme “fantastique” par le bipède sans pouvoir qu’était l’humain. Dernier refuge (ou presque) de toutes ses créatures, la forêt était un lieu dans lequel les bipèdes ne pénétraient pas. À la base, il n’y avait que les sorcières pour y habiter. Peut-être quelques fantômes, mais rien de plus et au fur et à mesure des siècles, le conseil (grâce à sa grande sagesse et intelligence) n’avait rien trouvé de mieux que de permettre à toutes les créatures qui peuplaient les cauchemars des hommes de venir s’y établir pour trouver refuge en attendant que la guerre qui était menée contre eux s'apaise. Les sorciers, auparavant dévolus à des tâches plus nobles, en étaient venus à jouer aux gendarmes dans la forêt. Ça ne vous saute peut-être pas aux yeux, vous, simples humains, mais honnêtement, essayez de faire vivre en harmonie un camp de vampire et de loup-garou, ou encore les sirènes du lac et le monstre du Loch Ness, sans que ça ne finisse tous les jours en puligeat, ce n’est pas de la tarte !
Ce genre de tâche était bien entendu réservée aux “jeunes sorcières” et Tala, du haut de ses 79 ans était jeune. On lui avait accordé deux apprentis. Les rejetons bien-aimés de deux familles prestigieuses du clan. Le premier était mort, une mort banale, accidentelle d’ailleurs, il n’y avait même pas deux mois. Ah, la suite sera pour plus tard, le conseil vient enfin d’en venir au pourquoi du comment Tala se trouve là (parce qu’on ne dirait pas comme ça, mais ça fait 30 minutes qu’ils brassent du vent).
- Et donc Talamaranraran, pouvez-vous nous expliquer comment avez-vous fait pour que vos deux apprentis, pourtant très doués si on en croit leur famille, aient réussis à décédé à deux mois d’intervalle ? C’est particulièrement fâcheux.
- Très, très fâcheux, répéta un membre du conseil qui était en train de se goinfrer de patte d’araignée frite.
- Doué, répondit Tala, il faut le dire vite et tout bas, hein. Deux clenches monumentales, j’ai rarement vu des types aussi cruches à 50 ans ils confondaient encore leur gauche et leur ….
Elle aurait pu continuer encore longtemps comme ça, mais la présidente du conseil s’éclaircit la gorge.
- N’oubliez pas ma jeune soeur, que les parents de vos apprentis ont demandé un compte rendu de cette entrevue et que vos paroles leur seront répétées.
Tala hocha la tête pour signaler qu’elle avait compris l’information. On n’offensait pas délibérément deux des plus importantes familles du clan. Elle avait donc intérêt à raconter les choses correctement.
- Ô noble conseil. Il est vrai, et je le déplore, que ces deux valeureux apprentis, Eromikolopotimuratipostikamaro et Murateletojesusikeromonodeleti soient morts à mon service. Quoique leur mort se soit suivie à deux mois d’intervalle, celle-ci ne vient pas leur propre négligence (tu parles) ou de mon enseignement (qui est parfait, pas ma faute s’ils sont cons comme des balais), mais bien d'événements fortuits que nul n’aurait pu prévoir (si totalement s’ils m’avaient écouté ces deux cons).
Sur le même ton, on lui répondit :
- Eh bien, qu’attends-tu, raconte-nous donc ô Talamaranraran, ce qui a précipité leur trépas.
- Sans tarder, ô honoré membre du conseil. Il y a quelques mois Eromikolopotimuratipotikamaro et moi-même sommes allés au lac du miroir pour rencontrer la Margygr (c’est le nom qu’ils donnent à la reine des sirènes). Celle-ci avait un problème qu’elle souhaitait nous voir l’aider à régler. Comme vous vous en doutez, la progéniture de la Margygr est en manque d’hommes à séduire et d’enfants à enlever. Elles ont donc voulu se rabattre sur les petits d’un clan de loup, mais le clan a très mal pris l’affaire et même si aucun louveteau n’a été blessé, souhaitait réparation. Pendant que j’essayais de faire comprendre à la noble Margygr que maintenant qu’elles avaient élu domicile dans la forêt sombre pas si sombre que ça, elles ne pouvaient plus vivre comme avant, Eromikolopotimuratipotikamaro faisait connaissance d’Inda, une des nombreuses filles de la Margygr. C’est frère Oromopolotomoka qui me mit la puce à l’oreille il ya deux mois en m’expliquant que mon apprenti se rendait souvent au lac du miroir après le coucher du soleil. Bien contre son gré, personne n’en doute, il s’est fait séduire par Inda et prévoyait de se marier avec elle. Moi et mon second apprenti, dès que nous avons appris sa folle résolution, nous nous sommes précipités pour l’arrêter. Il était hélas trop tard, son corps flottant reposait déjà, bleuis par le froid, dans les tréfonds du lac. La cérémonie, m’assura la Margygr s’était déroulée sans contrainte de sa part celui-ci connaissait le prix de son amour et à assurer vouloir le payer de son plein gré.
L’imbécile. Elle l’aurait bien dit tout haut, mais ça n’aurait pas été bien pris. À la place, elle tira sur sa pipe qu’elle avait allumée pendant son récit. Elle détestait fumer, mais ça lui donnait une voix grave et ça collait à son personnage, donc comme pour tout le reste, elle faisait avec.
- Avez-vous une seconde voix pour confirmer vos faits ?
- Bien entendu, sage conseil, j’ai fait appel à un de nos confrères pour mener l’enquête et celui-ci a invoqué les souvenirs du cadavre de mon apprenti pour vérifier ce que disait la Margygr.
L’homme pénétra dans le cercle et répéta ce que Tala venait d’expliquer le conseil hocha la tête et passa à la suite.
- Et votre second apprenti soeur Talamaranraran, qu’en est-il de lui ?
- Murateletojesusikeromonodeleti, son cas est plus particulier, ô noble conseil. Il s’est rendu coupable de trahison.
Le conseil s’enflamma et même les pattes d’araignées frites furent momentanément oubliées pour prendre le temps de digérer cette information.
- Parlez Tala.
Si le conseil en oubliait de dire son nom en entier, c’est que l’heure était grave.
- Que son nom soit trois fois maudit, Murateletojesusikeromonodeleti a voulu partir de la forêt sombre pas si sombre que ça. Il a déclaré que les disputes inter espèces, il en avait sa claque et je cite : que Merlin n’allait qu’à aller voir dans le cul d’une licorne s’il n’y était pas.
Vous avez du mal comprendre, il n’a pas pu vouloir partir. Où serait-il allé ?
Ah, mais il y est allé justement. C’est tout le problème.
Et c’était d’ailleurs de là que venait toutes ses emmerdes. Tala s’était aperçue trop tard de la disparition de son disciple. Le temps ne s’écoulait pas de la même manière dans la forêt et à l’extérieur de celle-ci. Le temps qu’elle le retrouve, il s’était écoulé 33 ans dans le monde humain et il avait eu le temps d’en dire de la merde. Le tout, s’était d’essayer de passer ça sous silence. Après tout, le très vénérable conseil sortait rarement de sa cambrousse pour voir ce que les humains faisaient et ce n’était pas plus mal comme ça.
- Il vivait dans le monde humain depuis plusieurs années déjà. Retrouver sa trace n’a pas été une mince affaire.
- Qu’y faisait-il ? A-t-il enfanté ?
Le conseil commençait à s’agiter, heureusement, Tala pu les rassurer.
- Il n’avait pas enfanté, ô grands sages. Nous nous en sommes assuré. Par contre, il s’est servis de ses pouvoirs pour faire croire aux humains qu’il descendait d’une divinité. Sans grand succès.
Cette partie là n’était pas tout à fait exacte. L’imbécile avait eu le bon sens de ne pas donner son nom entier, ni le diminutif qu’on utilisait dans sa contrée natale, mais n’empêche que cet idiot avait réussi à convaincre un trop grand nombre de gens qu’il était le descendant d’un dieu. C’était devenu problématique. Tala ne pouvait pas le ramener devant le conseil, c’était avouer que la situation lui avait échappé. Non, à la place, elle s’était plutôt arrangée pour semer le doute chez les humains, si bien que ceux-ci s’étaient finalement décidé à le tuer eux-mêmes.
- Ceux-ci se sont aperçus qu’ils avaient affaire à un imposteur et l’ont tué, nous sommes arrivé trop tard pour le sauver.
Tu parles … Encore une fois, l’absence de vérité n’a jamais tué personne. Mort crucifié, c’était moche, même de la part des humains. A priori, le conseil allait la laisser s’en sortir s’en faire de vague. Son confrère, un ami de longue date, l’avait aidé à se débarrasser de l'embarrassant personnage. A priori, bientôt, tout le monde aurait oublié cette histoire. Un type crucifié ça ne peut pas faire beaucoup d’histoires, si ?
Créature 2
- Spoiler:
- Le jour s’amenuisait peu à peu sans que cela ne change quoi que ce fut à la luminosité. Les arbres cachaient bien trop le ciel, si bien que je n’avais pas revu le ciel depuis… longtemps. Je rentrais de la chasse bredouille. Encore une fois… En cette période de l’année la nourriture était d’autant plus rare. Les jours raccourcissaient, se refroidissaient. Leur mode de vie les incitait à ne plus se montrer et à ne plus s’aventurer dans l’ombre. Ils étaient peureux. Et ils l’étaient de plus en plus. Au fil des mois et des années, dès que la chasse devenait effective, je pouvais m’assurer que le prochain repas s’éloignait de quelques semaines.
Au fond, ça n’était pas grave. Je pouvais très bien subsister sans un quelconque apport de viande. Alors où était donc le besoin ? Je ne sais pas. Je ne l’ai jamais su et ne le saurai probablement jamais. Il n’était que psychologique, purement psychologique et là n’était que son seul intérêt à mes yeux. Mais si puissant… Si puissant, qu’il me torturait, jour après jour. Il me tenaillait, modelait, déchirait mon esprit, le recollait, puis le broyait de nouveau. Le temps sans manger me faisait souffrir plus que tout au monde, sans même altérer d’un point de vue extérieur, ni ma condition physique, ni ma manière de traquer. J’avais les mêmes performances, mais la douleur était insupportable… quelque part. L’appel de l’appât. Un cycle sans fin et inutile, ou mes profondes motivations m’entretenaient plus loin encore dans le supplice.
Je l’admets, ma fonction était relativement inutile au sein de ce monde. Sélection naturelle ? Ou la créature centrale d’un mythe qui se devait d’être réalité ? Malgré toutes les dissertations silencieuses que j’ai pu passer avec moi-même – soit lorsque je ne mangeais pas – je ne suis jamais parvenu à me convaincre de quoi que ce soit. Je restais profondément ancré dans ma dépression routinière.
Je revenais donc lentement sur mon territoire. J’avais appris à mes dépends à optimiser ma « survie mentale » : détermination d’un domaine marqué par les cadavres de mes précédents repas et par une forte odeur de putréfaction, ainsi que la mise en place d’une réserve, d’un garde-manger. Dans laquelle je n’avais presque plus rien. En fait, rien d’autre qu’une tête. Me penchant avec difficulté, je la pris entre mes mains sales et grises. C’était la tête d’une jeune fille, au regard vide et terrifié. On devinait qu’elle avait pleuré. Je ne me souvenais plus depuis quand je la gardais. La chair n’était plus très fraîche, mais faisait largement l’affaire. Alors je la portais à la bouche comme s’il s’était agi d’une cuisse de poulet, savourant chaque instant de ce plaisir rare, tentant d’oublier qu’autrefois, j’eus été l’un d’entre eux, un humain, et que je n’étais maintenant plus qu’un tas d’os et de chairs pourries, un cadavre ambulant qui ne faisait qu’en dévorer d’autres.
Chaque jours des milliers de personnes expriment leur haine des zombies. Ceci est le témoignage de l'un de ces rejetés. Il nous parle de son quotidien dans l'espoir que les mentalités changent un jour.