Hellow me revoici pour les votes Comment je suis devenu un super héros ! Revoici la mise en contexte :
À l'origine votre personnage est un personnage timide et pas très fort. Il vit sa vie comme tous les autres humains de la terre sauf sur un élément, il a peur de tout. Après le boulot il rentre immédiatement chez lui et aucun élément ne trouble sa vie tranquille. Le métier du personnage est libre ainsi que ses connaissances. Par la suite un événement troublera sa vie et il deviendra un super héros masquer !
Quel texte représente le mieux la mise en contexte ? Pourquoi ?
Bonne lecture
Les votes sont ouvert pour 10 jours.
À l'origine votre personnage est un personnage timide et pas très fort. Il vit sa vie comme tous les autres humains de la terre sauf sur un élément, il a peur de tout. Après le boulot il rentre immédiatement chez lui et aucun élément ne trouble sa vie tranquille. Le métier du personnage est libre ainsi que ses connaissances. Par la suite un événement troublera sa vie et il deviendra un super héros masquer !
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TEXTE 01
- Spoiler:
- Je m’appelle Raphael. Depuis mon plus jeune âge j’ai toujours été mal à l’aise avec les autres. Des jeunes, des vieux, des femmes, des hommes… A l’école on me surnommait le coincé. Rajoutez une paire de lunettes aux verres épais et des chemises horribles à carreaux que ma mère affectionnait (mais que je détestais) et vous avez là le cliché parfait du mec ringard. Je restais enfermé dans un coin de la bibliothèque, dans un rayon éloigné de tous, coincé entre l’étagère de la physique et de la chimie. Je n’étais pas très fort non plus. En fait je détestais le cours de sport. Il n’y a aucun intérêt pour moi à courir autour d’un terrain autre que cracher ses poumons.
Bien sûr, on profitait de ma timidité et de mon apparence faiblarde pour m’embêter. C’est tellement facile d’agresser un type inoffensif. Je ne traînais pas souvent dehors sauf pour faire les trajets jusque chez moi mais parfois une bande de voyous venait m’insulter pour le plaisir de se défouler. J’ai appris à faire des détours (même si ça ne servait pas à grand-chose puisqu’ils m’attendaient à la sortie de l’école).
Ma vie n’a pas beaucoup changé avec le temps. Je suis développeur dans une boîte renommée grâce à du piston familial. Une vie banale, des relations sociales proches du néant. Je travaillais puis je rentrais directement chez moi, le monde extérieur m’effrayant à cause des traumatismes de mon enfance.
Et puis un jour, je fis un détour en rentrant chez moi. La rue que j’empruntais d’habitude étant barricadée à cause de travaux. Deux mecs peu fréquentables me tombèrent dessus.
« T’es tout mignon mon petit, que caches-tu dans ta jolie mallette ? » me dit l’un d’entre eux en me barrant la route dans une ruelle étroite.
Je relevai à peine les yeux, bafouillant quelques mots incompréhensibles avant de demander d’une voix tremblante qu’il s’écarte. Mais la brute ne bougea pas d’un pouce alors que son copain me bloquait toute tentative de fuite derrière.
« Je crois que je n’ai pas bien entendu »
Je tremblais, paralysé par la peur. Je gardais les yeux rivés vers le sol, silencieux, jusque ce qu’une poigne puissante me souleva par le col, me poussant contre un mur alors que j’étouffais. Ma mallette tomba au sol dans un bruit sourd.
« Lâchez-le » résonna une voix masculine un peu plus loin.
Je ne voyais pas ce nouvel arrivant mais mes agresseurs se mirent à ricaner, nullement menacés.
« Vous êtes sur mon chemin et j’ai horreur des déchets dans votre genre ».
Mon bourreau me lâcha et je tombai au sol, reprenant difficilement ma respiration. De la scène je ne vis rien. J’entendais juste des bruits de coups qui étaient distribués, des rugissements et puis le silence retomba dans la ruelle. Une main se tendit vers moi.
« Hey gamin j’ai pas que ça à faire. »
Je m’empressai de me relever en remerciant bien bas l’inconnu qui finit par me charrier sur mes manières trop propres. Jack il s’appelle. Il me proposa d’aller boire un verre. Je déclinai poliment mais il insista et me poussa même en déclarant que je lui devais bien ça. Je finis par accepter. Depuis ce jour, nous sommes restés en contact.
Jack avait trente ans de plus que moi. Il aurait pu être mon père et il éprouvait pour moi une sorte d’affection qui lui rappelait son fils, lui aussi très discret avant qu’un accident ne le fasse disparaître. Nous n’avions rien en commun. Jack était un homme désinvolte, la langue bien pendue et n’hésitait pas à dire ce qu’il pensait en toute honnêteté. Il me charriait beaucoup et s’amusait de me voir lui tenir tête parfois bien trop timidement.
Malheureusement un jour mes bourreaux de la dernière fois me retrouvèrent. Frustrés d’avoir été interrompus il y a quelques semaines, ils décidèrent de me le faire payer. Sauf que ce jour-là, j’avais passé une mauvaise journée qui me fichait en rogne. J’ai alors tendu ma mallette stupidement dans l’espoir de frapper un de ces voyous mais je n’étais pas à la hauteur. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je me retrouvais à terre, roué de coups, suppliant qu’ils arrêtent mais un des deux me frappa au visage avec ma propre mallette, puis le noir complet.****
Des semaines plus tard je me retrouvais dans un lieu que je n’aurais jamais cru fréquenter. Une salle d’entraînement. En vérité, Jack était un de ces entraîneurs spécialisés dans l’auto défense et c’est bien malgré moi qu’il me tira à sa suite. Il disait vouloir me former. J’avais envie de le croire mais je n’avais aucun espoir en moi. Le souvenir des brutes me terrorisait et j'étais bien incapable de savoir comment me comporter. Je restais là à regarder passivement les autres qui s’entraînaient. Alors Jack employa la manière forte. Il m’envoya au tapis avec un formidable coup de punch qui manqua de me décoller la mâchoire. Et puis comme je restais au sol, il me provoqua. Sortant des vérités sur mon compte, sur mon état pitoyable. Mais rien n’y changeait, j’étais faible… je n’avais pas envie d’évoluer malgré toutes ses paroles qui étaient justes. Trouillard... Mauviette...Pleurnicheur...
Les semaines passèrent et je croisai une nouvelle fois mes bourreaux qui semblaient me chercher, trop contents d’avoir une proie facile à se mettre sous la dent. Je tentai vaillamment de me défendre, tremblotant, mais ils étaient trop forts et me crachèrent au visage. Un coup de poing m’envoya valser en arrière. Mais à ce moment-là, je revis les entraînements, j’entendis les paroles de Jack qui résonnaient dans ma tête.
Relève-toi
Quelque chose traversa mon corps. Comme une décharge. Je me remis sur mes jambes malgré la douleur, faisant face à mes adversaires. J’en avais marre. Marre de recevoir des coups. Marre de vouloir prendre mes jambes à mon cou. Marre de vivre dans la peur de tout et n’importe quoi. C’était terminé !
Ils se jetèrent sur moi mais instinctivement je savais quoi faire. Je visualisai dans ma tête tous les mouvements mémorisés durant ces dernières semaines. Ma peur vola en éclats. En même pas quelques minutes mes adversaires se retrouvèrent au sol. Je regardai mes mains sans comprendre avant de fuir.
***
Il paraît que je suis spécial. Depuis ce jour des choses étonnantes me sont arrivées. Chaque scène que je voyais, j’avais la capacité de la reproduire avec une précision étonnante. Que ce soit arts martiaux, boxe, cascades acrobatiques, aussi surprenant que cela puisse paraître, je maîtrisais parfaitement sans avoir aucune pratique.
Pour Jack c’était un signe. Qu’un pouvoir de ce genre était un don à exploiter pour en faire profiter tout le monde. Il était devenu mon coach, travaillant dans l’ombre pour m’aider à me perfectionner, curieux par ce qui m’arrivait mais très content de son élève. Je n’avais jamais ressenti une aussi grande fierté. J’appris à prendre confiance en moi grâce à ces capacités extraordinaires. La ville ne me faisait plus peur. Je me savais capable de maîtriser n'importe quelle brute en un tour de main. Mais c’est en voyant d’autres personnes subirent le sort qui m’était avant réservé que je réagis. Toutes ces capacités n’étaient pas là par hasard.
Aujourd’hui j’ai quitté mon travail de développeur. Mais je suis bien mieux ayant troqué mes lunettes contre des lentilles et mes tenues ringardes par un costume stylé. Je suis le défenseur de la ville, le gardien des opprimés. Personne ne sait qui se cache derrière le masque noir du justicier masqué, celui qui combat le mal pour faire triompher le bien mais ce nouveau travail me plaît. Je ne suis plus qu’un simple technicien bossant dans un grand journal de la ville et pourtant derrière cette image d’homme discret et taciturne se cache ce que les enfants appellent un super-héros.
TEXTE 02
- Spoiler:
- Il était une fois un jeune homme pitoyable du nom de Carl.
Vous pouvez lui dire bonjour. Allez, répétez : « Bonjour, Carl ! ».
Et donc, comme dit précédemment, Carl est un jeune homme pitoyable. Peut-être me trouverez-vous quelque peu cru, mais si vous le connaissiez mieux, vous penseriez la même chose. Mais autant vous le décrire.
Carl n’est pas pitoyable dans le sens premier du terme, il n’inspire pas tant que ça la pitié. Même pas ça. On va dire qu’il culmine dans un domaine, et un seul : celui-ci de la non-existence paradoxale. Il existe, mais en le voyant vivre – et je suis son narrateur, donc pensez bien que je l’ai vu vivre ! -, on penserait que non. Il n’est qu’un personnage tertiaire dans tous les théâtres du monde, même dans le sien. Le genre d’individu que l’on oublie dès qu’il sort du champ de vision, et même parfois quand il y est encore. Serait-il le seul être humain encore vivant qu’il ne serait quand même qu’un figurant.
Il n’a pourtant pas fait grand-chose pour mériter ça ; le problème étant surtout qu’il n’a pas fait grand-chose tout court. Il vit sa vie de tous les jours, comme tous les jours. Carl est avant tout employé dans un bureau, et y est toujours à l’heure. Il est comme ça Carl, toujours à l’heure, même quand y’a grève, vu qu’il vient à pied. Comme ça, le boss n’a jamais rien à l’engueuler. Mais je suis même pas sûr que le boss de Carl sait que Carl existe.
Il n’y a que dans mes récits que le boss de Carl est le boss de Carl. Pour n’importe qui d’autre, ce serait Carl qui serait l’employé du boss.
Carl a pas un physique immonde, il a physique banal. On s’ennuierait presque à le regarder, et c’est pourquoi la majorité des gens évitent de le faire. Il est dans la moyenne de taille à peu près, cheveux marrons coupés courts, lui donnant vaguement une coiffure de Playmobil, des yeux marron vides d’expressions trop intenses. Pas grand-chose à dire de plus. Et la seule chose qui le distinguait encore de la masse des mortels ayant de la substance, c’était son habitude assez désagréable d’avoir peur de tout ce qui pourrait être un peu dangereux. Tout. C’est le mec qui n’a jamais sauté d’un plongeoir, parce que 5 mètres, c’est haut quand même, et on pourrait glisser, quoi ! Et je ne vous parle pas d’aller découvrir un autre pays, c’dangereux, en plus faut prendre l’avion, ou bien le train, et c’est dangereux aussi, et on sait pas sur quoi on peut tomber. Dans le doute, Carl passait la majorité de son temps dans sa rue, qui était celle où se trouvait son travail. Sa plus grande folie était de temps en temps de se boire une bière avec ses « copains » - et les guillemets sont importants-, et une seule parce qu’il faut pas se coucher trop tard. Carl a pas vraiment une vie folichonne.
Bref, pour ne pas rallonger cette description à l’infini, j’écris la vie de Carl, et Carl a une vie de merde. C’est pas sa faute. Je sais pas si c’est la faute de quelqu’un. Je sais juste que c’est ainsi.
Ou plutôt, que c’était. Car, en réponse à une de mes nombreuses prières, il se passa quelque chose dans la vie de Carl. Le narrateur que je suis allait enfin avoir quelque chose à écrire. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était quelque chose.
Carl est tombé amoureux.
Et pire : c’était réciproque.
La pauvre femme qui avait été touchée d’une flèche particulièrement cruelle du cynique Cupidon se nommait Jane. Elle, contrairement à lui, était plutôt belle, et passait rarement inaperçue quand elle se baladait avec ses meilleurs habits sous les meilleurs jours du printemps joueur. Elle avait une délicate chevelure brune et ondulée qui tombait jusqu’à ses épaules, un visage fin et un sourire qui avait le don d’apaiser les tourments des hommes. Elle était, également, par un curieux hasard fille du maire de la ville, comme quoi le monde est quand même assez petit, quand on y pense.
Ils s’étaient rencontrés dans la rue, lors d’un des courts passages de Carl en contact avec le monde extérieur. Ca s’était passé de façon assez niaise, digne d’un téléfilm M6 : les deux se rentrant dedans suite à une bousculade fortuite, chacun s’excusant et assumant la responsabilité de cet affront, puis leur yeux se croisèrent et pour la première fois de sa vie, Carl fut remarqué par quelqu’un, et le coup de foudre se fit.
Mais bon, je n’allais pas faire la fine bouche.
Et ils vécurent relativement heureux pendant quelques semaines qui devinrent mois, et à part les disputes que tout couple a, tout allait pour le mieux entre ces deux-là. Ils emménagèrent ensemble, chez la belle, qui habitait par chance à quelques rues, ce qui évitait à Carl d’avoir à être trop loin de ses points de repère. Néanmoins, la présence de Jane semblait avoir une bonne influence sur lui : il avait repris confiance en lui, semblé plus enjoué, plus présent. Elle avait réussi à l’arracher petit à petit de la routine dans laquelle il s’était enfoncé pendant des années.
Bref, tout le monde était heureux : Carl, Jane, moi… Et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Quand un jour, Carl, qui avait réussi à sortir du bureau plus tôt, se ramenait à l’appartement avec un joli bouquet de fleurs rouges vives, se surprit à trouver la porte défoncée, l’appartement mis à sac, et sa copine absente. Des traces de lutte évidentes étaient décelables partout, ainsi que quelques légères traces de sang. Et un message bien visible, tracé à l’encre noir sur le mur, d’un style raffiné : « Message pour le maire : s’il veut revoir sa fille, qu’il soit un peu plus coopérant… »
Sans une hésitation, Carl appela la police, qui elle-même arriva dans les cinq minutes, sirènes hurlantes. Le maire lui-même s’était bien sûr déplacé, et l’enquête battait son plein. Bien entendu, lui-même était cible de la police, car l’inspecteur à la moustache l’interrogeait sur la signification de ce message, et le maire, faisant son travail de maire, répondait avec insistance qu’il n’y comprenait rien, que c’était des questions inutiles et que l’inspecteur en question ferait mieux de se bouger le cul pour retrouver Jane plutôt que de l’interroger.
Carl avait été lui-même longuement interrogé, en tant que découvreur de la scène, mais aussi en tant que principal suspect, ce qui était logique somme toute : il était le dernier à l’avoir vu, le dernier à être sorti de cet appartement à part elle, il était en couple avec elle… Déjà, les enquêteurs principaux lui avaient fait répéter 4 fois son témoignage, tandis que d’autres passaient l’endroit au peigne fin, et Carl manifesta son envie d’aller se rafraîchir un peu, et l’inspecteur l’autorisa alors à sortir prendre, escorté par un policier.
Tandis qu’il sortait du couloir envahi par la police, Carl passa à proximité du maire, et son oreille affutée lui permis de saisir quelques phrases au hasard :
« … ils me les paieront ces enfoirés, Tony ! Dis-leur que s’ils touchent à un cheveu de ma fille, non seulement j’accepterais par leur accord, mais en plus je descends dans le Moulin avec toute la police leur éclater la gueule ! Ça leur apprendra à ces petits … »
Il n’en fallut pas beaucoup plus à Carl, qui n’était certes pas une flèche mais néanmoins relativement intelligent, pour comprendre l’implication du maire dans cette affaire. Néanmoins, nul officier de la police n’allait le croire, surtout que d’après les rumeurs, la moitié des agents de la ville constituaient leur retraite avec l’argent que le maire leur versait pour être plus docile. Et Carl n’avait que peu confiance en un maire pourri pour retrouver sa bien-aimée, bien qu’ils aient un but commun. Aussi, tandis qu’il arrivait en bas avec le policer qui lui faisait office d’escorte, le brave Carl, décida d’un coup de fausser compagnie à son ami policier, et commença à s’enfuir en courant, vite poursuivi par le policier qui l’accompagnait, puis par d’autres qui le virent s’enfuir.
La chance devait être avec lui, car comme par miracle, il parvint à tous les semer dans un ensemble de petites ruelles pour le moins sordides, prit un bus, et se retrouva de l’autre côté de la ville, là où il pensait ne pas être recherché tout de suite. Dans sa tête, sa conscience lui hurlait que ce qu’il venait de faire était débile, mais pour la première fois de sa vie, il n’y fit pas attention. Il voulait sauver Jane, et devait se concentrer là-dessus. N’est-ce pas mignon ?
Il se remémora donc l’entretien du maire qu’il avait surpris. Le Moulin ? Voilà qui ne lui disait rien… Il fallait donc trouver quelqu’un qui s’y connaissait. Et pourquoi pas le Tony, à qui parlait le maire ? Le seul Tony connu qu’il connaissait était Tony Delavega, adjoint au maire depuis bien longtemps. C’était sûrement à lui que le maire s’était adressé en situation de crise. Ce qui voulait dire que tout le conseil municipal était corrompu. Misère… Il décida malgré tout d’aller voir ce Tony. Il était sa seule source d’information possible, et – Ô hasard !-, il habitait juste à côté.
Carl se dirigea donc vers la maison de celui-ci, qui pour une simple maison d’un simple adjoint au maire sans autre emploi, était d’ailleurs plutôt grande et belle, et entourée d’un joli portail ornementé, heureusement ouvert. Carl alla donc jusqu’à la porte en bois exotique de bonne facture, et frappa trois fois exactement.
« Oui ? » dit l’homme chauve avec des lunettes de soleil qui venait d’ouvrir la porte.
« -Oui, bonjour, ce serait pour parler à M. Delavega au sujet de… , commença Carl
-Monsieur l’adjoint ne reçoit personne aujourd’hui, répondit l’homme sans la moindre menace dans sa voix, sans la moindre émotion tout court d’ailleurs.
-Ecoutez, c’est très important, et ça ne prendra que …
-Monsieur l’adjoint ne reçoit personne aujourd’hui, fit l’homme, cette fois en lui fermant la porte au nez. »
Inutile de retenter. Mais Carl n’était pas venu ici pour se faire refouler comme un malpropre, voyons, il était en mission ! Ni une, ni deux, il fit le tour de la maison en trottinant, se baissant pour ne pas être aperçu des fenêtres, et arriva de l’autre côté. Il tenta d’ouvrir la porte arrière, mais celle-ci était fermée. Il commença donc à escalader le pilier du porche qui protégeait la dite-porte de derrière, puis d’un bon, s’accrocha au balcon situé à sa gauche, réussissant à attraper de peu la barrière. Il tendit ses muscles, et réussit à se redresser sur le balcon.
Infiltration réussie. Maintenant : trouver l’adjoint. Il entra dans la pièce, la porte étant ouverte par cette belle journée de printemps, et tomba sur l’homme aux lunettes noires, qui se prélassait dans un canapé en buvant un verre de quelque chose qui ressemblait à du whisky.
« Eh ! Tu fous quoi là, toi ? » Dis l’homme en se relevant, se tachant de whisky partout au passage.
Inutile de dire que Carl ne se la ramenait pas trop. Après des années à mener une routine paisible, il avait en une journée été témoin et suspect dans la disparition de son aimée, il avait fui la police, et pénétré par effraction dans une maison. Et là, un mec baraqué – bien que visiblement pas à jeun- s’approchait de lui, un rictus coléreux lui illustrant le visage. L’homme en noir tenta de lui mettre un coup de poing, direct, ce que Carl esquiva en s’accroupissant de peu, puis roula au sol pour tenter d’échapper au coup de pied que lui balançait l’homme.
Inutile de dire que le pauvre Carl était mal barré, et que je craignais pour mon job de chroniqueur. Heureusement, celui-ci avait plus de ressources qu’on pouvait à priori le penser, et quand l’homme baraqué essaya de l’écraser du pied, Carl roula à nouveau, mais cette fois dans l’autre sens, se retrouvant entre les deux jambes, et donna à l’autre homme un coup de poing assez traître entre les deux jambes, qui eut pour effet de lui couper le souffle. Carl en profita pour se redresser, et ne cherchant pas vraiment le combat, il se mit à courir dans une autre pièce, refermant la porte derrière lui. Derrière lui, lui arrivaient des insultes criées d’un souffle court, et d’un pas trainant, on entendait le grand gaillard se ramener doucement mais lourdement. Quand il ouvrit la porte, il chercha l’intrus des yeux, sans le trouver, marmonnant quantité de promesses d’un style poétique assez fourni, du type « J’vais te buter connard », « Viens ici qu’j’te pète les dents » et autres joyeusetés du même acabit. Et il ne semblait pas vraiment plaisanter.
Carl avait choisi une cachette bien connue mais bien oubliée en même temps : derrière la porte. Le gorille, dans sa soif de vengeance avait négligé de vérifier cet endroit, et ce fut donc facilement que Carl l’envoya à terre en lui brisant un vase assez lourd sur la tête. Et puisqu’il n’avait vraiment pas envie que l’autre se réveille trop vite, il enchaîna avec un autre, et s’arrêta en voyant la couleur du sang sur la crâne de l’homme à terre. Carl vérifia son pouls : il vivait.
Bon, au moins, il ne serait pas condamné pour meurtre. C’est toujours ça de pris.
Et au moment où il s’apprêtait à sortir de la pièce, il entendit d’autres pas arriver. Il n’eut pas le temps de se cacher, à peine le temps de récupérer un troisième vase, qu’un homme entra dans la pièce, en peignoir, marmonnant à voix basse : « C’est toi qui fait tout ce bordel, John ? ».
Carl le reconnut : Tony Delavega, l’homme qu’il était venu chercher. Mais son instinct l’avait trahi, car ses bras avaient déjà envoyé le vase dans la figure du pauvre homme qui venait de franchir le pas de la porte, qui se le prit en pleine poire, tombant à la renverse, par terre.
L’homme tenta de se relever, bien que visiblement sonné, et Carl s’approcha, l’enjambant, il le prit par les deux épaules et le plaqua à terre :
« Où est le Moulin ? »
« Vous êtes qui vous ? Vous voulez quoi ? » répondit Tony, en essayant vainement de se dégager.
« Je viens de le dire : où est le Moulin ? »
Tony hésita quelques secondes, avant de dire : « C’est le vieux théâtre abandonné, dans le quartier du port… Pourquoi vous voulez savoir ça ? »
Carl se releva, sans répondre, et commença à sortir de la pièce.
« Hey, tu vas où connard ? Je vais te retrouver, et tu vas le regretter ! » hurla Tony, toujours à terre. Mais Carl, qui en avait marre de se faire crier dessus, décida de sacrifier un 4 ème vase sur sa tête, avant de sortir de la pièce. Il descendit rapidement les escaliers, arrivant au rez-de-chaussée, puis sortit par la porte de derrière. Et fut accueilli par trois hommes. Le maire, et deux gardes du corps.
« Carl, Carl, Carl… » Commença le maire, s’approchant doucement, tandis que le Carl en question commençait à reculer. « Tu sais, quand ma fille m’a dit qu’elle était tombée amoureuse d’un nul comme toi, je ne l’ai pas comprise. » Il fit un geste de la main, et les deux gardes du corps sortirent leurs armes et les braquèrent vers Carl, qui s’arrêta de bouger. Le maire continua son monologue :
« Donc tu vois, quand mes gars m’ont dit que tu t’étais barré en courant, j’ai été surpris. Et donc, quand on a entendu les bruits de vases qu’on brise, je ne suis pas intervenu. Et te voilà, triomphant, la tête haute pour la première fois de ta vie… Et bien, je dois t’avouer que je me suis trompé sur ton compte, Carl.
Vois-tu, je sais qui a enlevé ma fille. Il s’agit d’une bande de mafieux de seconde zone. Récemment, un mec mystérieux nommé Rex est devenu leur chef, et ils sont devenus plus ambitieux. Vois-tu… J’ai quelques arrangements secrets, avec certains des truands de cette ville, et ce Rex est vite devenu un partenaire privilégié. Il faisait de la contrebande, je faisais en sorte que la police n’aille pas l’embêter, et il me reversait une part, et tout le monde était content. Et puis, il a voulu plus. Il s’est vite fait un nom, a engrangé plus d’argent, a commencé à envahir une partie de la ville. Bref, ça a commencé à se voir. Et il m’a proposé de nouveaux arrangements… Mais je ne pouvais plus trop le laisser terroriser la ville, mon poste était en jeu. Alors, j’ai refusé, et il a enlevé ma fille… »
Il fit un nouveau geste, et ses gardes du corps baissèrent leurs armes.
« Carl, je peux pas envoyer la police au Moulin : ce serait un bain de sang, et Jane y mourrait sûrement. Mais si tu parvenais à t’infiltrer, tu pourrais la sauver. Ce que tu as fait ici est … assez incroyable, pour quelqu’un comme toi. On a tous les deux un but commun, et c’est notre seul chance. D’accord ? »
Carl réfléchit. Oui, cela lui arrivait. Puis il acquiesça de la tête. Il comptait déjà y aller avant, donc pourquoi changer d’avis, quand on avait l’homme le plus puissant de la ville à ses côtés ? Celui-ci dit alors :
« Bien. Si tu y arrives, je ferais en sorte de régler tout le bazar que tu as fait – ici principalement. Et, une dernière chose. » Il lança un objet à Carl, qui le rattrapa au vol. Il s’agissait d’un genre de masque dérivé de ceux des soldats, couvrant intégralement le visage, en noir et gris, avec des lunettes grossissantes. « Evite d’agir à visage découvert. De plus, tu verras que ce masque possède des fonctionnalités qui te seront utiles. » Il sourit, commença à faire demi-tour, ses gardes avec lui, quand il retourna une dernière fois sa tête vers Carl. « Le lieutenant qui a pris la tête de l’opération est un gros bourrin, et veut lancer l’assaut immédiatement. Je peux le retarder pendant une heure, ce qui te laisse une chance de récupérer Jane et de sortir. Si tu n’es pas sorti d’ici là, l’assaut commencera… et tu ne veux pas être face à la brigade contre les prises d’otages. Bonne chance, Carl. » Et il partit.
Une demi-heure plus tard, Carl, masque sur la tête, habillé de noir, regardait depuis le haut de l’immeuble voisin le Moulin. Ancien théâtre abandonné, il était malgré tout bien conservé. Il était le point remarquable d’un quartier mal famé, là où la police n’allait que rarement, là où on retrouvait régulièrement des corps de personne tuées une balle dans la tête, et où il n’était pas rare de pêcher des gens avec les pieds dans du béton. La bande de Rex se trouvait là-dedans.
La police avait commencé à entourer la zone, mais Carl avait remarqué que son masque lui assurait une connexion avec le service de la police, il savait donc exactement où passer pour ne rencontrer personne. De plus, il avait une vision tridimensionnelle du bâtiment, qu’il avait commencé à étudier. Il s’était également équipé d’un grappin. Rien d’autre : son but était d’être discret. Ironique, pour quelqu’un qui avait été discret sa vie entière.
Après avoir repéré la zone pendant quelques minutes, utilisant le thermocapteur de son masque pour situer les hommes de Rex, il décida d’un plan.
Il se mit donc en route vers la bâtisse. Le soleil s’attardait un peu au-dessus de l’horizon, mais aucun doute sur le fait qu’il ne tarderait à se coucher, ce qui favoriserait l’infiltration de Carl. Il réussit à s’infiltrer au milieu des lignes policières, qui déjà braquaient d’immenses faisceaux lumineux vers la bâtisse. Un homme tenant un mégaphone sommait les criminels de se rendre, mais personne ne lui répondait. L’endroit semblait désert, abandonné dans la pénombre qui commençait à se former. Carl arriva au pied du Moulin : il s’agissait maintenant de grimper. Il avait emmené son grappin, mais n’en avait pas besoin : une vieille échelle rouillée permettait de monter. Carl la monta donc, doucement, avec délicatesse, afin d’éviter de faire du bruit. Plusieurs fois, le spot des policiers passa sur sa silhouette, mais les communications qu’il interceptait lui disaient que personne ne l’avait vu. Bien. Si le maire pouvait arroser la plupart des policiers de la ville, Rex aurait très bien pu faire de même. Il préférait donc rester inexistant aux yeux de la police également.
Au terme d’une longue ascension –Carl n’était pas très sportif, je vous rappelle, il arriva en haut du bâtiment, quand une voix féminine lui dit :
« Tout va bien, Carl ? »
Carl tourna alors la tête de tous les côtés, cherchant à savoir qui lui avait parlé. Et la voix continua :
« Je suis dans ton masque, Carl. »
Carl se mit alors à parler :
« Qui est là ? »
« Je m’appelle Emma, je suis une agent du bureau technique de la police. C’est moi qui ai conçu ce masque. Monsieur le maire m’a demandé de te garder en communication, au cas où tu aurais besoin d’aide. Pas la peine de parler fort, ce micro est sensible au moindre de tes murmures. Et j’ai aussi des caméras au niveau de tes lunettes. »
Carl haussa ses sourcils sous son masque. « Je vois. Et bien, Emma, quel plan me conseilles-tu pour accéder à l’intérieur de ce bâtiment ? »
Carl attendit quelques instants avant d’avoir une réponse : « Le bâtiment est assez ancien, et donc est dur à scanner, impossible d’avoir la position de ton objectif précisément. Mais il semblerait qu’elle soit dans la salle de théâtre à proprement parler. Peut-être sur la scène ? On m’a dit que Rex était théâtral. Dans ce cas-là, le mieux est d’essayer de trouver un passage pour arriver au faux plafond, ce qui te permettrait de descendre jusqu’au rampe de spot, et de là, d’avoir une meilleur vue de ta cible. »
Carl acquiesça. « Je vois. » Et il commença à se mettre en marche, cherchant une petite issue qu’il avait aperçue en repérage, scannant la zone pour voir si quelqu’un s’approchait toutes les 5 secondes. « Et que peux-tu me dire sur ce Rex ? »
Carl entendu des bruits de touches, puis enfin la voix d’Emma : « Un individu sorti de l’ombre il y a quelques années. On ne sait rien sur son identité. Il a pris les commandes d’une bande de contrebandiers, en pendant le précédent chef du haut de l’hôtel de ville. Recherché pour au moins une dizaine d’homicides, principalement sur d’autres truands, donc pas des dossiers prioritaires. Il n’était pas considéré dangereux pour les citoyens normaux de la ville, jusqu’à récemment. »
Carl sourit, trouvant l’entrée vers le faux plafond : « Je vois, un saint. Et combien sont-ils à l’intérieur ? »
« Personnes n’a été repéré en dehors du bâtiment, mais les signatures thermiques détectables font état d’au moins une dizaine de personnes. Mais il y en a sûrement plus, indétectables dues à l’âge du bâtiment. Tu ferais mieux de faire attention. Néanmoins, ils ne s’attendront sûrement pas à de l’infiltration, et doivent tous surveiller les entrées. Mais il y aura toujours quelques personnes près de l’objectif. »
« Tu pourrais arrêter d’appeler ma copine « L’objectif » ? »
« Désolée, réflexe professionnel » répondit Emma, d’une voix neutre.
Carl se faufila donc dans le faux plafond, faisant attention à faire le moindre bruit possible, se dirigeant vers la rampe d’accès à la machinerie, normalement réservée aux techniciens. Afin d’éviter de faire craquer le sol, il se mit à ramper par terre, dans les débris accumulés par des années d’inutilisation. Un des hommes de Rex se trouvait ici, également, regardant à travers une minuscule fenêtre dehors, mais il ne l’entendit pas passer.
Carl descendit donc à la machinerie : d’ici, sur ce sol grillagé, il pouvait voir toute la scène, ainsi qu’un partie des gradins, vides. Sur la scène, en plein milieu, se trouvait une jeune fille, à genoux, bras attachés dans le dos, bâillonnée : Jane. Et à côtés, plusieurs hommes, armés de fusils d’assaut.
« Une idée de plan ? » demanda dans un murmure Carl.
« Il en va de soi que tu ne peux pas neutraliser ces hommes. Déjà que tu n’es pas sûr d’avoir l’avantage dans un combat en un contre un, tu ne pourras jamais te débarrasser de tous ces hommes. »
« Tu penses qu’une diversion pourrait les distraire assez pour que j’ai le temps de récupérer Jane et de partir ? »
« Ça peut se tenter. » Répondit Emma.
Carl marcha donc sur le grillage, jusqu’aux machineries. Aucune n’était très utile pour faire une diversion.
« Laisse, j’ai une idée. » Dit Emma. « Connecte moi à la machinerie, accroche ton grappin, et prépare toi à aller chercher l’objectif. »
Carl connecta son masque au système de machinerie, et un instant après, se déclenchait une énorme secousse qui secoua toute la salle.
« T’as fait quoi ? »
« J’ai fait tomber les spots de la salle d’à côté. Ils devraient aller regarder. »
Et en effet, les hommes prirent leur fusils et s’en allèrent dans la salle d’à côté, sauf un, qui resta près de Jane.
« On fait quoi ? Il en reste un ! » Demanda Carl.
« Va falloir que tu t’en occupes. Descend, je vais te le préparer.
Carl accrocha son grappin, et se laissa glisser, quand soudain tous les spots de la salle s’allumèrent, se braquant vers l’individu, l’éblouissant. Carl n’eut qu’à lui mettre un poing de toutes ses forces, et l’homme tomba, inconscient, le visage en sang.
Il se précipita alors vers Jane, la détachant. Celle-ci avait quelques bleus sur le visage, et un peu de sang coulait de sa lèvre inférieure, mais rien de plus.
« Qui… qui êtes-vous ? » Demanda-t-elle.
« Carl, les hommes reviennent dans la salle. Il faut que tu t’échappes. Prend la porte que je t’indique. » Et dans les lunettes de Carl apparut un chemin tracé, lui indiquant le chemin.
« Pas le temps ! » dit-il, prenant la main de Jane, et commença à courir, en suivant le tracé qu’il voyait. Derrière lui, il entendit des bruits de pas, puis des exclamations, et enfin, quand il franchit la porte, des bruits de balles, qui pénétrait les murs avec un sifflement aigüe. Ils pénétrèrent dans un couloir.
« Emma, on nous canarde ! »
« Pas la peine de crier. Continue à courir, je m’occupe d’analyser si des ennemis viennent vers toi. Prend à gauche. »
Ils tournèrent, à l’instant où un homme armé de deux pistolet apparut de l’autre côté du couloir et commença à les canarder.
« On en a combien au cul ? », demanda Carl, serrant fort la main de Jane.
« Tu ne veux pas savoir. »
Ils continuèrent à courir, et bien qu’aucun des deux n’était très sportifs, la perspective de finir troués par une volée de balles les incitèrent à accélérer à nouveaux.
« Prend la trappe. »
Et en effet, une trappe apparut devant le couple. Celle-ci était en mauvaise état, rongée par les années, et il ne suffit que d’un coup de pied pour la faire voler.
« Tu nous emmène où, putain ? Y’a une sortie par-là ? »
« Non, j’essaie de te garder vivant. Dis-moi si ça te gène. »
Ils sautèrent dans la trappe. A cet instant précis, une explosion se fit entendre, accompagnée de multiples bruit d’armes, dans le lointain.
« Il se passe quoi ? » demanda Carl, alors qu’il activait sa vision nocturne, la cave étant assez sombre.
« L’assaut a commencé. Il va falloir que je trouve un autre chemin. » Et aussitôt, le chemin devant Carl disparut, vite remplacé par un autre. « Dépêche. »
Carl jura, et recommença à courir. Ils zigzaguèrent pendant quelques minutes dans la pénombre, avant de remonter un escalier, qui menait sur une porte close. D’ici, le bruit des affrontements grandissait.
« Il n’y a personne derrière la porte. Ouvrez là, courrez sur la droite et vous trouverez une sortie. »
Il n’en fallut pas plus à Carl. Il ouvrit la porte, et emmena Jane sur la droite. Là, un mur troué, qui permettait d’apercevoir la lumière extérieure. Devant le mur se trouvait quantité de gravats et de meubles pourris.
« C’est censé être une sortie, ça ? » Demanda Carl.
« Désolée, le plan n’indique pas les gravats. Mais c’est le seul endroit d’où vous pouvez sortir. Essayez de passer entre les débris, ça devrait être possible. Vous pouvez prendre votre temps, il n’y a personne dans le coin. »
Carl se pencha, pour reprendre sa respiration. « Après toi. » dit-il à Jane, après lui avoir indiqué le chemin du bras. Cette dernière acquiesça, et commença à se faufiler entre les débris. Quand soudain, une main attrapa le poignet de Carl, et il se sentit voler, avant de redescendre violemment sur le sol.
Quand il ouvrit les yeux, il voyait flou. Néanmoins, il voyait devant lui une grande silhouette, équipée de bottes noires équipées d’éperons, d’une cape l’entourant totalement, de gants noirs couverts de piques, d’un masque de tragédie grecque surmontée d’une couronne. L’homme derrière ce masque –Rex, comprit immédiatement Carl-, commença à parler d’une voix creuse :
« Alors, comme ça, c’est toi l’avorton qui a décidé de jouer au héros ? Je n’aime pas les héros. Et puisque ma prise s’est enfuie, je vais devoir passer ma colère sur toi… »
Il leva alors le talon de sa botte, et, pointant l’éperon vers le visage de Carl, commença à la redescendre, quand Carl attrapa son pied, luttant de toutes ses forces pour ne pas se faire écraser.
« Emma, tu m’as dit que tu me couvrais ! » murmura Carl, entre ses dents.
« Il était invisible à la vision thermique ! Sa cape doit absorber sa chaleur, je suppose ! »
Carl poussa légèrement le pied de son agresseur, et en profita pour rouler. Il entendit le pied s’enfoncer lourdement dans le sol.
« Pitoyable. » fit Rex.
Carl se remit debout, et fut immédiatement projeté contre un mur d’un coup de pied violent. Il avait le souffle court, la vue trouble, et aucune idée de comment s’en sortir. Il esquiva- plus d’un coup de chance que d’une réelle maîtrise de l’esquive- un coup de poing qui lui aurait éclaté le visage, le poing en question s’enfonçant dans le mur, et profita que son ennemi était coincé pour s’enfuir aller de l’autre côté de la pièce, essayant de reprendre son souffle. Rex, qui semblait prendre son temps, dégagea son bras en détruisant le mur, et réussit à saisir Carl à la gorge, le soulevant du sol.
« Tu n’as aucune chance, face à moi. » Rex mit son autre main devant les yeux de Carl. « Laisse toi mourir. »
Carl mit alors toute son énergie dans ses jambes et balança un double coup de pied dans le ventre de son adversaire, qui grogna, et l’envoya contre un autre mur encore debout. Carl sentit le goût du sang dans sa gorge, sang qui se déversait aussi de ses lèvres, coulant dans son masque. Rex, avançait doucement vers lui, son masque fixant Carl avec froideur, tel un avatar de la fatalité couronné d’or.
« C’est fini, maintenant. » dit-il.
« Carl ! Tape dans le mur derrière toi ! » Fit Emma, dans son oreillette.
Sans comprendre, Carl, tapa de ses dernières forces dans le mur derrière lui. Celui-ci, déjà fragilisé par le temps et par l’impact qu’il venait de subir, s’effondra doucement, et avec lui, une partie du plafond, qui tomba sur Rex. Celui-ci se retrouva les jambes coincées sous des débris, le visage dans la poussière.
« Carl, il n’est pas mort, tu n’as fait que le ralentir ! Dépêche-toi de t’enfuir ! » lui dit Emma.
Carl se redressa, bien que difficilement, et tituba jusqu’à la sortie dans le mur. Il voyait du coin de l’œil Rex se débattre pour essayer de se dépêtrer de son piège. Dans le lointain grondaient toujours les armes à feu.
« Tu n’en as pas fini avec moi, le héros. » fit la voix rageuse de Rex. « Je découvrirais qui tu es, et je t’arracherais la mâchoire avant d’arracher ta cervelle ! »
Carl ne prit pas attention à ses menaces, et commença lentement à se faufiler à travers l’ouverture. Derrière lui, le plafond s’effondra à nouveau, soulevant des volutes de poussière lui cachant l’image de Rex.
Dehors, Jane l’attendant. Celle-ci mit sa main derrière le dos de Carl et l’aida à avancer. Des policiers vinrent à leur rencontre.
« Haut les mains ! » firent-ils, et aussitôt, les deux s’exécutèrent. Carl, à bout de force, tomba à genoux.
Aussitôt, le maire apparut, avec un sourire satisfait. « Occupez-vous de ma fille, et laissez-nous. » Les policiers prirent alors Jane par le bras, malgré les protestations de celle-ci, et s’en furent plus loin, laissant Carl seul avec le maire.
« Bien joué, Carl. Vraiment bien joué. Je n’avais pas parié sur vous. »
Une voiture se gara non loin d’eux. Le maire enleva le masque de Carl, lui révélant un visage couvert de sang.
« Cette voiture va vous emmener à l’hôpital. Ne parlez de ce que vous venez de faire à personne, personne ne vous demandera non plus. »
Des médecins en blouse blanche vinrent l’aider à se relever, et l’installèrent dans la voiture. A travers la vitre ouverte, le maire lui dit :
« Oh, il se pourrait que j’ai encore besoin de vos talents, que vous m’avez si brillamment démontré aujourd’hui. J’ai décidé qu’il était temps de purger cette ville de ces truands. Mais nous parlerons de ça plus tard. »
Carl fit un léger mouvement de tête pour acquiescer. Le maire sourit.
« Bonne chance, Carl. Et bravo. Vous pouvez, pour la première fois de votre vie, être fier de vous. »
Et Carl sourit également.
Et la vie de Carl ne s’arrête pas là. Mais je vous conterais ceci dans un autre récit. En attendant, je vous aurais apporté la preuve que n’importe qui peut devenir un héros. Il suffit d’un peu de volonté. Vous devriez essayer : ça fera plaisir à votre narrateur.