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    He's Alive #3 ▬ Native american

    Jadelina
    Jadelina
    FémininAge : 32Messages : 7899

    Dim 7 Avr 2013 - 14:44

    "Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé... alors le visage pâle s'apercevra que l'argent ne se mange pas."

    Le soleil se couche derrière les collines lointaines, nimbant pour la dernière fois de la journée sa lumière sacrée sur les terres verdoyantes et naturelles d'un monde en paix. L'odeur si singulière de la pluie laissée par l'averse maintenant calmée s'élève, doucement portée par le souffle du vent... tandis que plus loin s'entend la course d'un animal à travers les buissons. Les arbres, fièrement dressés, semblent être tant de poumons qui constituent la forêt elle-même. Elle vit, en harmonie entière avec les animaux, mais aussi... les humains.
    Ces humains, hommes, femmes et enfants, les Cherokee, vivent non loin de la Forêt, mère de tous, dans un village modeste. D'ici, l'on peut entendre leurs chants traditionnels, des chansons d'espoir et de bonheur, qui donnerait envie de danser rien qu'à leur écoute. Les enfants rient, se courent après... insouciants. Certains sont encore bien jeunes, mais d'autres sont sur le point de passer à l'âge adulte. Les grands sages, assis non loin du feu, posent sur eux un regard protecteur et confiant.


    Un univers, un personnage à incarner...
    Il s'appelle Cheveyo. Dans sa langue, ce mot signifie "l'esprit guerrier". On l'a nommé ainsi parce que depuis tout petit, il fait preuve d'un courage et d'une force exemplaire. Il est encore jeune, possède un caractère vif et fougueux parfois difficile à contenir, mais il a un cœur bon. Il a perdu sa mère, mais il ne l'oubliera jamais. Il sait, au fond de lui, qu'elle veille sur lui même s'il ne la voit pas.
    Ce soir, quelque chose de très important attend Cheveyo. Il est bientôt un jeune homme, plus un enfant, mais pas encore tout à fait un homme. Pour en devenir un, il doit passer le rite d'initiation, une épreuve que beaucoup d'hommes de sa tribu ont passé avant lui, bien qu'ils en conservent tous le secret de la réussite. Les grands sages disent que "chacun doit le vivre à sa manière".
    La nuit maintenant bien tombée et après quelques discussions, le chef se retire finalement, avec un hochement de tête pour manifester son approbation. Une des jeunes filles du village lui souhaite bon courage au loin, alors qu'il gagne déjà la forêt accompagné de son père.
    Au plus profond des bois, le père de Cheveyo le laisse s'asseoir sur un tronc déraciné et lui place sur les yeux un bandeau... puis s'en va. Cheveyo devra rester ainsi toute la nuit, privé d'un des sens les plus importants et n'aura le droit de retirer son bandeau que le matin venu. Seul, dans la nuit... à la merci de tout.

    C'est son épreuve... celle qui fera de lui un homme.

    Une troisième édition du He's Alive que j'ai voulu accorder avec le thème actuel de Never-Utopia ^^ Comme toujours avec ce type de défi, il vous faudra incarner le personnage donné sous la forme d'un RP ! Soyez logique et respectez bien l'univers et la situation dans laquelle il se trouve.
    Postez votre participation à la suite, vous pouvez utiliser ou non une mise en forme RP, c'est comme vous le souhaitez.
    Vous avez jusqu'au 20 avril.


    Dernière édition par Jadelina le Lun 22 Avr 2013 - 15:52, édité 1 fois



    Anonymous
    Invité

    Dim 7 Avr 2013 - 17:17

      J'adore ton sujet Jade, bien en accord avec ce thème. D'ailleurs en rédigeant mon texte, j'ai beaucoup réfléchi à certaines choses, ça fait du bien. J'espère que mon texte n'est pas trop plat ou tordu, pas trop long non plus, je ne veux pas vous ennuyer. Au fait, en cherchant un nom à la maman de notre héros, j'ai constaté que beaucoup de célébrités sont associées à ce peuple, bien plus que ce que je n'imaginais, vous devriez y jeter un œil.
      Bonne lecture et bonne chance aux participants =3




    Cheveyo, l'histoire d'un homme

    Qui l’eut cru. Le voila assis sur un tronc froid, vide. Quelle étrange sensation, la perte d’un sens. La vue qui plus est. C’est comme priver un animal de l’odorat. Heureusement, que ce soit pour l’Homme ou pour l’animal, lorsque qu’un sens disparait, un autre prend aussitôt le dessus. Cheveyo écouta donc attentivement. Il perçu tout d’abord les pas lents et réguliers de son paternel, s’éloignant vers leur chaleureux village, pendant que lui attendrait toute la nuit seul, à la merci des dangers de la forêt. Il se sentait nu, fragile, victime. D’autres sons parvinrent à ses oreilles. Les hululements d’une chouette, animal inoffensif mais aux tons effrayants, des crépitements, divers mouvements de fougères … des bruits normalement familiers qui pourtant dans ce contexte lui hérissaient le poil. Après l’ouïe, laissons place au toucher. Le tronc où il se trouvait était charnu et âgé. Il laissa ses doigts glisser le long de sa cuisse jusqu’aux extrémités, butant un peu plus à chaque rainure, témoin du temps qui passe. Le vent frais lui caressait les épaules, sensation opposée à la chaleur que la mousse sous ses pieds lui procurait. Un peu de réconfort. Il releva un peu le menton vers le ciel, comme pour observer les étoiles, et sentit la douceur de la lune. Son esprit lui joue des tours. Il tressaillit. Quelque chose venait de se poser sur sa main droite. Quelque chose avec des pattes acérées. Il toucha timidement l’animal, curieux mais aussi troublé. Un oiseau. Synonyme de liberté. Amusant, puisque Cheveyo n’est en ce moment pas libre, pas du tout. Il aime les oiseaux. Ce contact lui fait reprendre confiance en lui. N’est-il pas un Cherokee ? N’est-il pas le plus courageux de toute sa tribut ? Le plus fort ? Alors reste assis, arrête d’être anxieux, oublie ce qui t’entoure.

    Au fond, quel est l’objectif de cette épreuve ? Rester le postérieur sur un bout de conifère toute une nuit ? Non, les anciens sont plus malins que ça, plus sages. Il doit y avoir un autre objectif, une autre raison. Comment devient-on un homme ? Cheveyo y a déjà pensé. C’est évident : il faut prouver sa force. Au début, il pensait qu’il suffisait de tuer un maximum de bête, preuve qu’il est un bon chasseur, sans pour autant se limiter à la même race, synonyme d’intelligence. Puis son père l’avait remit sur le droit chemin, en lui rappelant le respect de la vie. On ne tue pas inutilement, on tue pour se nourrir, s’habiller, mais pas pour grandir. Il faut rendre à la terre ce qu’elle nous donne, pas saccager ses présents. Peut-être s’agissait-il de quelque chose de plus compliqué, quelque chose qui ne soit pas lié à la force, sans quoi il aurait déjà été admis chez les adultes. Un hurlement le tira de ses pensées : un loup. Il repensa à sa mère, Tala, « la louve », surnommée ainsi pour son caractère à la fois solitaire et solidaire, capable de rester des heures seule dans l’immensité verte mais aussi de vivre en communauté sans difficulté. Telle la louve du couple Alpha, elle veillait sur chaque individu, conseillère comme confidente. Ce hurlement était un signe d’encouragement, c’était elle, sans aucun doute. Cheveyo a toujours su qu’elle était restée près de lui après sa mort physique. Les Cherokee sont convaincus de la vie après la mort, que leurs ancêtres restent près d’eux pour les accompagner, les aider. Machinalement, il remercia ce signe, qui venait de le revigorer.

    Non, il n’était plus inquiet. Ou du moins, il assumerait ses craintes. C’était ça au fond, être un homme. Avoir le courage d’en manquer, prendre ses responsabilités. Ces bruits devenus effrayants ne l’étaient plus. Il savait ce que l’on attendait de lui, et il résisterait à la tentation d’enlever ce tissu. Les yeux sont les fenêtres de l’âme. Le bandeau n’était pas là par hasard, ils auraient pu le forcer à rester là les yeux fermés, mais non. En somme, c’était un moyen de le cloîtrer sur lui-même. Oui, une réflexion intense sur ce qu’il est, ce qu’il ne veut pas être, d’où il vient, où il ira, sur la place qu’il occupe dans l’univers. Les réponses sont simples.

    Après une longue réflexion, notre héros sombra dans le sommeil, assis contre ce tronc que la vie n’avait pas épargnée, avachi, les yeux bandés. Cette nuit-là, il fit un drôle de rêve, ou plutôt vécu une drôle d’aventure. Installé sur un aigle géant, il visitait son pays, son territoire, celui de ses ancêtres. D’abord les plaines, où s’élancent les chevaux sauvages, puis la majestueuse forêt, le lac où ses parents et lui allaient se détendre ou pêcher, ou encore jouer avec ses amis à attraper les saumons. Un monde parfait, suffisant et respecté. Puis un tout autre voyage débuta : un voyage dans le temps. L’aigle le mena au même endroit, à une date différente. Adieu la terre promise, bonjour les cages et les instruments de torture pour forcer les animaux à obéir, adieu forêt riche en vie, bonjour troncs dévastés et terre brûlée, adieu lac, te voici asséché. Et au beau milieu de ce vaste champ de ruine, de malheur et de désolation, l’homme blanc. Droit, fier, arrogant, il pense tout posséder. Il aurait pu tout posséder, mais que peut-il avoir maintenant qu’il a tout détruit ? Alors Cheveyo pleure, il pleure son peuple, qui doit lui aussi avoir disparu, tout comme les habitants de la forêt qui leur permettait de vivre, il pleure sa vie, il pleure son avenir. Pourtant, l’aigle n’est pas de son avis. Il peut encore changer tout cela, il est maître de son destin. La mort ? Pourtant on lui a toujours appris à respecter la vie, même si son usage est mauvais. Non, enseigner, transmettre. Le feu et l’eau cohabite dans ce monde, pourquoi pas l’homme blanc et l’homme pur ? Voici ton devoir enfant de la nature, transmet ce que tu sais, protège le monde, enseignes les valeurs de ton univers, voici tes armes : l’apprentissage et la tolérance. De bien maigres outils fassent aux fusils et aux esprits butés, mais ton peuple a toujours lutté, tu n’as jamais fuit aucun combat, assumeras-tu celui-ci ?

    Et il sombra de nouveau, rêvant de ses parents, de son enfance, de ses ancêtres. Quand le petit matin arriva, il se redressa, lentement, calmement. Il avait changé. Inutile de regarder dans le fond de ses pupilles vertes comme l’environnement qui l’entourait pour le savoir. Non, il n’avait pas changé, il avait grandi. Se dressant face à sa vie, face à son avenir, il détacha lentement son bandeau, contempla la beauté du monde, et remercia la vie de bien avoir voulu de lui.

    Elances-toi Cheveyo, élances-toi âme courageuse, montre aux tiens que tu es devenu un homme !


    Dernière édition par Halloween le Jeu 18 Avr 2013 - 11:14, édité 2 fois
    Jadelina
    Jadelina
    FémininAge : 32Messages : 7899

    Dim 7 Avr 2013 - 17:25

    Merci beaucoup pour ta participation Hallo' ! Heureuse que le sujet te plaise :) (et désolée aussi pour l'autre fois avec le Being Frankenstein, j'aurais du laisser plus longtemps ^^")
    Oui beaucoup de célébrités ont du sang amérindien c'est vrai... Johnny Depp déjà, pour simple exemple :siffle:

    En passant, magnifique ton texte, on sent effectivement la réflexion derrière ^^



    Anonymous
    Invité

    Dim 7 Avr 2013 - 17:34

      Pas de soucis =)
      Déjà oui xD Beaucoup m'ont laissé sur le popotin quand même u.u

      Merci =)
    Taktiik
    Taktiik
    MasculinAge : 30Messages : 2292

    Lun 8 Avr 2013 - 20:26

    Coucou`\0/

    A mon tour, je poste pour ce sujet vraiment passionnant.
    Comme l'a dit plus haut Hallow', ça pousse à la réflexion, mais aussi à surpasser sa condition :) !
    Également désolé d'avance pour la taille du texte ^^"
    Bonne lecture ♥



    image du personnage 150*300
    Cheveyo

    Il s'appelle Cheveyo. Dans sa langue, ce mot signifie "l'esprit guerrier". On l'a nommé ainsi parce que depuis tout petit, il fait preuve d'un courage et d'une force exemplaire. Il est encore jeune, possède un caractère vif et fougueux parfois difficile à contenir, mais il a un cœur bon. Il a perdu sa mère, mais il ne l'oubliera jamais. Il sait, au fond de lui, qu'elle veille sur lui même s'il ne la voit pas.
    Ce soir, quelque chose de très important attend Cheveyo. Il est bientôt un jeune homme, plus un enfant, mais pas encore tout à fait un homme. Pour en devenir un, il doit passer le rite d'initiation, une épreuve que beaucoup d'hommes de sa tribu ont passé avant lui, bien qu'ils en conservent tous le secret de la réussite. Les grands sages disent que "chacun doit le vivre à sa manière".
    La nuit maintenant bien tombée et après quelques discussions, le chef se retire finalement, avec un hochement de tête pour manifester son approbation. Une des jeunes filles du village lui souhaite bon courage au loin, alors qu'il gagne déjà la forêt accompagné de son père.
    Au plus profond des bois, le père de Cheveyo le laisse s'asseoir sur un tronc déraciné et lui place sur les yeux un bandeau... puis s'en va. Cheveyo devra rester ainsi toute la nuit, privé d'un des sens les plus importants et n'aura le droit de retirer son bandeau que le matin venu. Seul, dans la nuit... à la merci de tout.

    C'est son épreuve... celle qui fera de lui un homme.



    La condition du guerrier humaniste





    Cheveyo… Pourquoi m’a-t-on donné un prénom comme celui-ci ? Mes parents avaient-ils en tête une idée de ce que je pouvais être, de ce qu’ils voulaient que je sois ? Dans ma langue natale, Cheveyo signifie l’esprit guerrier, celui qui n’a pas peur de combattre. Et en effet, coïncidence me direz-vous, le combat est mon domaine de prédilection, il faut savoir faire preuve de courage et de bravoure. Nombreux sont ceux qui, obnubilés par le désir de puissance ont perdu de vue le courage et ont transformé leur bravoure en intrépidité. C’est ce qui caractérise les Hommes blancs qui colonisent nos frères. Si je suis sur d’une chose, c’est que le mal est partout, aussi bien dans ma tribu, que chez les colons ou même ici, dans ce trou de néant. A première vue, on pourrait dire que cette forêt est sacrée et pourtant, aucun rite ne lui est associé, si ce n’est le nôtre, le fameux rite d’initiation à la vie d’adulte. Puisqu’en effet, je ne suis plus un enfant, je suis prêt à devenir un homme capable de défendre ma tribu et les vertus qui s’en détachent. Depuis longtemps, on me caractérise comme quelqu’un au caractère vif et fougueux, plutôt difficile à contenir, non pas parce que je suis méchant, mais parce que je suis impulsif et que j’aime réussir, la défaite pour moi est inconcevable. La victoire est le seul champ lexical à ma portée pour qualifier mon futur, je ne peux qu’espérer. Espérer mon futur et devenir ce que l’on veut que je sois, ce que je veux être.

    Pourtant, si je me retrouve ici, assis sur ce tronc, ce n’est pas par pur enthousiasme, au contraire, qui voudrait se retrouver seul dans la forêt la nuit ? Qui plus est, un bandeau sur les yeux ajoutant une tâche d’angoisse sur un tableau déjà bien sombre et aux couleurs décolorées. Alors, premièrement, j’entame la recherche. Le pourquoi et comment réussir cette étape. Je réfléchirais bien à plusieurs méthodes pour survivre en lieu hostile mais ça me serait inutile, beaucoup d’hommes sont passés avant moi ici pour la même épreuve, et beaucoup disent qu’il faut savoir le vivre à sa manière. Ma manière à moi ce serait quoi ? Le combat ? Avec un bandeau sur les yeux, il ne faut pas y penser et contre quoi d’abord ? N’ai-je aucun ennemi à combattre ? Si je ne suis pas à la merci d’un ennemi, je suis à la merci de tout. A la merci des éléments comme du Temps. Parce que dans ce trou de mal-être, le malaise s’installe peu à peu et les questions deviennent pratiquement redondantes. L’épuisement se fait ressentir, la fatigue s’installe progressivement jusqu’à submerger mon âme. Je m’adonne à une rêverie étrange mais toujours identique. Je suis devant ces deux portes et l’on voit au-dessus de chacune d’elles respectivement : « Avancer », « Reculer ». Alors, à chaque fois, je choisis d’avancer parce que dans chaque situation, il est nécessaire de grandir et de mûrir. Au plus profond je m’enfonce, car chaque porte me mène à un tunnel en pente, jusqu’à atteindre une salle pleine de lave en fusion. L’eau est omniprésente dans ce rêve, c’est comme si je m’enfonçais dans les rivières et que je traversais la surface et que je rejoignais le centre terrestre. Dans ce rêve, je n’éprouve pas le besoin de respirer, nombreux sont ceux qui, en ayant voulu me suivre, sont morts noyés. Alors, après deux trois brasses, je me retrouve dans une bulle d’air, délimitant la partie immergée d’eau à celle immergée de lave. Quand je me trouve assis sur ce qui semble être une plateforme, je me vois confronté à Elle. Elle me guide depuis mon enfance et m’a toujours soutenu dans les moments les plus difficiles et visiblement, ce soir-là, elle le ferait encore. Elle n’est pas matérialisée comme un corps, elle est une biche, synonyme de pureté et d’innocence. A chaque fois, elle vient poser son museau contre ma joue et me murmure à l’oreille : « Ne te perds pas et ne perds pas de vue ton issue » De quelle issue parlait-elle ? Je n’avais jamais trouvé la réponse à cette question, peut-être parce que je suis encore trop jeune ou bien parce que je n’y ai jamais vraiment réfléchie, mais cette nuit-là, dans ce rêve-là, elle n’avait dit qu’une chose : « Avant d'être un loup pour l'homme, l'homme est un loup pour lui-même »

    Le message était clair et la lutte engagée. Ce soir, ce ne serait pas une lutte physique que j’engagerais et mes armes ne seraient pas des tomahawks ; ce conflit spirituel opposerait le bien et le mal, le Vice et la Vertu, la Vie comme la Mort, la Lutte et la Résignation. Mes armes seraient l’argumentation et la réflexion, mon bouclier la Raison et l’Espoir. Cheveyo, le jeune homme au cœur brave, bon et pur était aujourd’hui confronté à ses plus grandes peurs : la solitude et la défaite. L’hypothèse de perdre venait de naître dans son esprit, et s’il n’était pas si innocent qu’il pouvait le croire ? Et si les recoins de son âme abritaient une noirceur sans égal ? Comment ferait-il pour combattre quelque chose qui n’est pas physique ?



    Pris d’un sursaut de panique, il tomba du tronc d’où il était assis. Et à ce moment précis, à cet instant là, le temps s’était comme figé. L’eau qui coulait habituellement dans la petite rivière voisine s’était estompée et les bruits de la nature voisine s’étaient atténués pour ne devenir qu’un sourd et trouble souvenir. On ne retenait que mes battements de cœur et ma respiration. Et seulement là, je sentis la présence de ma mère dans mon dos, comme une poussée me suggérant d’avancer, de grandir à nouveau. Surpris, j’ôtais le bandeau qui me cachait la vue et le soleil s’était levé depuis de bonnes heures. Les rayons du Soleils m'éblouirent les yeux et je tombais à terre, souriant niaisement.
    J’avais non seulement réussi ce test, mais également réussi à combattre mes angoisses. Cette nuit fut l’une des plus essentielles de ma vie, j’avais appris que l’homme n’est adulte que lorsqu’il prend conscience de ses faiblesses et de ses torts. S’il doit apparaître comme quelqu’un d’insensible et de fier, il doit aussi faire preuve de respect, de compréhension et d’empathie. La condition de l’Homme fait qu’homme ou femme, il doit être capable de s’entraider et de se pousser à l’émulation. Cheveyo n’aurait été capable d’accomplir ceci sans l’aide de sa mère, ni sans celle de sa tribu.

    « Qu’as-tu appris Cheveyo ? »
    « Nous sommes hommes que lorsque nous sommes conscients de nos faiblesses. En nous réside une part de bien, comme une part de mauvais. Pour autant, il ne faut pas négliger cette part de noirceur que nous avons en nous, elle nous pousse à devenir meilleur et à combattre nos peurs. Il faut savoir la cultiver comme l’atténuer, il faut savoir s’avouer vaincu avant d’avoir entamé un combat perdu d’avance plutôt que de combattre contre et dans l'ignorance »


    (c) CREDIT fiche - Never-Utopia

    Taktiik.

    Fortuna
    Fortuna
    FémininAge : 31Messages : 4636

    Mar 9 Avr 2013 - 0:51

    Bon, par avance, PARDOOOOOOOOOOOOON (oui, j'étais inspirée par le thème, donc j'ai... euh... été un peu bavarde xD)

    J’entends. Je ne peux plus faire que cela, maintenant que mes sens se sont déréglés. J’entends, et, malgré mon assurance faussement affichée – qui pourrait bien la percevoir dans le noir ? – j’ai peur. Pour la première fois, privé de la vue, immobile sur ce tronc, un frisson me parcoure l’échine, et il n’a rien à voir avec les caresses sournoises du vent glacial de la saison.

    Moi, Cheveyo, l’esprit guerrier, descendant du Loup gris, le père de mon père, qui repoussa nos ennemis par delà les plaines, moi, cet enfant turbulent, qui a tutoyé le danger lorsque je m’élançais dans les arbres et dans la montagne au mépris de toute prudence, et que je m’approchais des loups et des aigles, moi, cet être humain là, j’ai peur.

    Pour la première fois, je me sens petit et vulnérable. Je ne vois rien, et mon ouïe me semble trop fade pour me permettre de me sortir de là. Je préfèrerai m’arracher la langue que de le reconnaître, mais sans mes yeux, je suis faible. Ou du moins le ressens-je comme ça. Je ne suis qu’un tout petit homme, trop fragile pour braver les tempêtes ou rivaliser avec la Terre. Ici, sur cette souche froide, immobile depuis longtemps, dont je sens les circonvolutions sous mes doigts, j’ai conscience de cela.

    Je me suis toujours cru, comme tous les jeunes gens, je suppose, le roi du monde, celui devant qui cèdent les obstacles et pour qui tout est possible. Mais ici et maintenant, je n’en suis pas si sur. Déjà les chuchotements des feuilles des arbres remplissent mon crâne et y chassent mes pensées. L’oreille à l’affût, je guette, comme un chien sur le qui-vive le ferait. Un craquement, un bruissement, puis le silence à nouveau, terrassant d’incertitude. Lorsqu’aucun bruit ne me parvient, je n’ai plus rien à quoi me raccrocher, hormis ce tronc, hormis cette écorce rugueuse sur laquelle se crispent mes phalanges.

    Soudainement, un cri déchire la nuit. Un loup. Un concert de réponses me parvient. Il n’est pas seul. Le peu de contenue qui me reste décide soudainement de prendre la tangente, et je sursaute. Oui, je sursaute. Après tout, on n’en est plus à cela près.

    Les cris se rapprochent, et je suis pris au piège de cette interdiction formelle. « Ne pas bouger ». Voila ce qu’on m’a dit. « Quoi qu’il arrive, ne bouge pas de là. » Ces mots de mon père résonnent en même temps que m’apparaît la fugace vision de son visage rendu sévère par la solennité de l’événement.
    Un souffle sur ma nuque, un grognement sourd montant d’une poitrine puissante, il est là. Je le sens, je le sais. Je n’ai pas besoin de regarder pour en avoir conscience. Son museau, la chaleur de son haleine, il doit être tout proche. Est-il seul ? Je ne sais pas. Peut-être ? Je bénis soudainement d’être privé de la vue, car si ça n’avait pas été le cas, j’aurai sans doute paniqué à la vue d’une meute, ou fui dès que l’ombre du loup se serait profilée entre les troncs.

    Il est là, tranquille. Menace placide qui attend, qui renifle, qui guette, qui grogne, s’éloigne puis revient, toujours plus près, toujours plus insistant. Je le sens bien, il veut me dire quelque chose. Devrais-je tendre la main ? Je ne sais pas si je l’oserai… Allez, lance-toi, prouve que tu n’es pas le descendant du Loup Gris pour rien.

    J’esquisse un mouvement. Rien. Je lève la main. Grognements. Je suspens mon geste, peu rassuré, mais, avant que je n’aie le temps de prendre une décision, je sens des crocs se refermer sur mon bras.

    Sans aucune douceur.

    Un hurlement m’échappe alors que je sens s’enfoncer dans ma chair la dentition de l’animal. Il me tire, il m’entraîne, me relevant à demi, je le suis, je cours pour ne pas me faire arracher le bras, je tente de ne pas tomber, et je suis emporté. La douleur, vive au début, s’estomperai presque sous l’attention que je dois prêter pour ne pas tomber. J’ai accroché mon autre main à la fourrure de l’animal. A demi appuyé sur son dos, je tente de ne pas me faire désarçonner par sa course folle où, à la fois chasseur et chassé, le loup ne veut qu’une chose : que je lâche prise.

    Je ne sens plus ma main, je ne sens plus mon épaule. Les larmes coulent sur mes joues. J’ai peur, tellement peur. Et dire que je me croyais homme. Va-t-il me dévorer ? Va-t-il me tuer ? Retrouverai-je mon chemin si je survis ? Pourrai-je conserver mon bras ?

    « Pitié, Arrête. Pitié. » Voila ce que j’implore en silence au carnassier. Voila le message que je voudrai lui faire comprendre. Mais c’est un échec. Moi qui ai si souvent traqué le loup, marché sur ses traces, me croyant son égal, je sais désormais que je suis encore si loin de lui que je ne le rattrapperai peut-être jamais.
    Après une course folle, je perçois un ralentissement dans le rythme du loup. Il ouvre les babines, et me lâche. Je tombe. Je chute. J’ai mal. Je tâtonne, ne songeant même pas à ôter le bandeau – j’ai déjà enfreint une règle, pas question d’en bafouer une deuxième sans encourir la colère de mes ancêtres et faire honte à mon père – je mets malencontreusement la main dans l’eau. Elle est vive et froide, une rivière. Lorsque les flots entrent en contact avec ma blessure, je grimace. Mais je me sens rassuré de pouvoir remuer les doigts, et sentir la fraîcheur du torrent. Maladroitement, je tente d’entourer mon bras d’un lambeau de tissus, et satisfait au toucher de ce pansement de fortune, je me relève, titubant.

    Un croassement résonne, lugubre, presque comme une moquerie. Puis, dans une volée de plumes, je sens un bec et des serres s’attaquer à mon visage, et viser les yeux. Je me débats, un coup de bec me fend la tempe, et je finis par repousser l’amas de plumes noires qui, attiré par le sang, avait ourdi un sombre festin.
    Dans ma lutte, le bandeau est tombé, déchiqueté par l’offensive, et je vois désormais le lieu où je suis. La nuit est encore bien présente, mais l’éclat de la lune m’offre une visibilité tout à faire satisfaisante. La tête me tourne, et mon premier réflexe est de jeter un œil à mon bras. Ce n’est clairement pas brillant, je prévois déjà l’échec qui m’attend dans cette épreuve. Ni resté en place, ni encore pris de cécité. Le voyage intérieur dont on m’avait parlé n’est clairement pas au programme ce soir.

    Du moins est-ce ce que j’ai pensé avant de remarquer l’incongruité de la situation. A côté de moi, tout près, il y a un loup. Un grand loup dont le pelage gris étincelle sous la lumière de l’astre nocturne. Ses babines sont encore ensanglantées, ce qui n’est d’ailleurs pas pour me rassurer, mais ce qui s’agite encore sous l’une de ses larges pattes m’incite à la confiance. Ce n’est pas mon sang, mais celui de ce pauvre corbeau qui est désormais bien puni d’avoir tenté de m’éborgner.

    Le loup ne me prête pas attention, il fixe sa proie, qui, dans un dernier sursaut, se rend et cesse de remuer frénétiquement en émettant de sinistres cris. Son geôlier attend un peu, puis le libère. Sans demander son reste, l’autre s’éloigne, s’envolant avec difficulté. C’est alors que le loup se souvient que j’existe. Il tourne son long museau vers moi, et ses grands yeux dorés me pénètrent. Est-ce lui ? Est-ce mon grand-père ? Est-ce ce loup gris ?

    Non, les prunelles sont douces, pas farouches pour un sou, et l’effet d’argent miroitant du pelage n’est qu’un leurre du à la lune. Sous un angle différent, sa fourrure est brune et chaude. Le loup est petit, léger, taillé pour la vitesse, bien qu’implacable. Le loup est… une louve ? Je n’en suis pas certain, mais la silhouette me semble à présent familière. Comme une personne proche. Une personne dont le visage ne met qu’un quart de seconde avant de s’imposer à mon esprit. Ma mère. Je n’ai jamais douté qu’elle puisse m’observer, tout comme le reste de mes ancêtres. Elle n’aurait pas raté un tel événement pour son fils, j’en suis certain.
    Le loup fait un petit signe de tête. S’ébroue-t-il ou bien me désigne-t-il quelque chose au-delà de la lisière ? Je suis son signe, incertain, et je m’enfonce dans les bois. Autour de moi, tout me semble différent. Ces chemins, je les ai parcourus de jour comme de nuit, et pourtant, il me semble les arpenter ce soir pour la première fois. Mes pas me guident vers les grottes, je le sais. Souvent je suis allé observer les ours là-bas, que puis-je y faire ce soir ?

    Au loin, j’entends le rythme des tambours. D’où vient-il ? Du village ? Le son est diffus, éloigné, il serpente entre les arbres, ricoche de tronc en tronc. Il est là, il me porte. Je me mets à courir. Sans aucune raison. Je perçois confusément que quelque chose se produit, mais je ne m’en rends pas immédiatement compte. Je sens le sol sous mes pieds, je sens le vent sur mon visage, l’œil aiguisé, les sens alertes, je redresse l’oreille et flaire la piste.

    Quelle piste ? Quel flair ? En un instant, je suis devenu loup. Jeune loup dans une course folle. Loup comme ma mère, et comme son père avant elle. Immédiatement, je sens la fière puissance de cette antique race couler dans mes veines, je perçois tout sous un nouvel angle, d’autres couleurs, des sons plus fins, plus distincts.

    Je suis loup, fier et puissant. Je suis loup, vif, agile, libre.

    Au loin, le jour se lève. Je ne le vois pas. Je m’ébroue d’un long rêve, et l’on vient me chercher. Je suis assis, sur cette souche, le bandeau sur les yeux, à demi-assoupi, bercé par les frondaisons. Le clan m’accueille en silence, lorsque je reviens avec mon père, des images de loups plein la tête. Je surprends sans le voir le coup d’œil curieux d’Igwa, jeune fille du clan avec qui j’ai grandit.

    Mon bras me lance, bien que la peau y soit intacte.





    Jadelina
    Jadelina
    FémininAge : 32Messages : 7899

    Mar 9 Avr 2013 - 2:08

    Super ! Merci beaucoup à vous deux, ça fait plaisir que le thème plaise Very Happy



    Jadelina
    Jadelina
    FémininAge : 32Messages : 7899

    Lun 22 Avr 2013 - 15:52

    Je vais lancer les votes, merci à vous trois !



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